Menu
Libération
Ça tourne pas rond

Tour Triangle : Elisabeth Borne entendue dans l’enquête pour favoritisme

D’après les informations du «Canard enchaîné» et de l’AFP, la ministre de l’Education et ex-directrice de l’urbanisme de la ville de Paris, a été entendue pour apporter «son éclairage» dans l’enquête entourant l’exploitation du futur gratte-ciel.
La tour Triangle en cours de construction dans le XVe arrondissement de Paris, ici le 6 mars 2025. (Joel Saget/AFP)
publié le 1er avril 2025 à 20h43

La ministre de l’Education nationale devant les gendarmes. Elisabeth Borne a été entendue en audition libre dans l’enquête pour favoritisme entourant la concession de la tour Triangle à Paris, a appris l’AFP ce mardi 1er avril auprès de son cabinet, confirmant une information du Canard enchaîné. L’ex-Première ministre «a été entendue, sous le régime de l’audition libre, en sa qualité d’ex-directrice de l’urbanisme de la ville de Paris [poste qu’elle a occupé entre juillet 2008 et janvier 2013, ndlr] pour apporter son éclairage» dans cette enquête, a précisé la source de l’agence française.

Projet pharaonique

Son cabinet a également affirmé que «l’enquête [portait] sur les conditions d’attribution du contrat d’exploitation du Parc des expositions par la ville de Paris, soit une opération qui ne relevait pas de la direction de l’urbanisme». En clair, Borne n’aurait rien à voir avec tout cela. Selon le Canard enchaîné, elle a toutefois été entendue par les gendarmes lundi 31 mars. Depuis 2022, des juges d’instruction enquêtent sur ce fameux contrat d’exploitation du Parc des expositions, établi au début des années 2010, où est actuellement en construction l’immeuble futuriste en forme de triangle et fait de verre.

La tour Triangle, projet pharaonique au coût annoncé à l’époque à 660 millions d’euros, a commencé à sortir de terre dans le XVe arrondissement en février 2022 et doit être achevée d’ici à 2026. Prévue essentiellement pour des bureaux, elle doit devenir, avec 180 m de hauteur, le troisième plus haut bâtiment de la capitale, après les tours Eiffel et Montparnasse. Le projet, lancé en 2008, a été validé en 2015 par le Conseil de Paris sous le premier mandat de la maire socialiste Anne Hidalgo malgré la vive opposition de ses alliés écologistes.

Appel d’offres contestable

La ville de Paris avait résilié le contrat de concession attribué à la société Viparis, puis lui avait à nouveau confié l’exploitation du complexe événementiel via un bail emphytéotique (c’est-à-dire un bail immobilier de très longue durée, le plus souvent compris entre 18 et 99 ans – ici de 50 ans) à l’issue d’un appel d’offres jugé contestable par ses opposants.

Les délais de dépôt d’offres ont été notamment considérés comme trop courts, compte tenu de la complexité du projet. De plus, la ville avait accepté que Viparis ne s’acquitte pas du droit d’entrée de 263 millions d’euros demandé aux candidats. La maire LR du VIIe arrondissement, Rachida Dati, avait fait un signalement à la justice en juillet 2020 et Anticor avait déposé une plainte avec constitution de partie civile en février 2021. Après une enquête préliminaire du Parquet national financier (PNF) pour favoritisme et recel de favoritisme ouverte en juin 2021, les investigations ont été confiées à des juges d’instruction en mars 2022. L’Hôtel de Ville a été perquisitionné en juillet 2022.