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Violence

Lycéenne en garde à vue pour avoir frappé sa professeure à Tourcoing : ce que l’on sait

Alors qu’elle sortait de l’établissement ce lundi 7 octobre en fin d’après-midi, l’élève de 18 ans aurait eu un comportement violent au moment où sa professeure lui aurait demandé de retirer son voile religieux. Cette dernière aurait aussi riposté.
Devant le lycée Sévigné, à Tourcoing (Nord). (Google Maps)
publié le 8 octobre 2024 à 14h14
(mis à jour le 9 octobre 2024 à 12h00)

Une lycéenne se trouve en garde à vue ce mardi 8 octobre, soupçonnée d’avoir giflé une enseignante de son établissement à Tourcoing (Nord) qui lui avait demandé de retirer son voile religieux. Libération fait le point sur cette affaire qui suscite de vives réactions.

Les faits

Que s’est-il passé entre l’enseignante et l’élève ? Peu avant 16 h 30 ce lundi 7 octobre, la professeure en sciences et techniques médico-sociales du lycée Sévigné aurait demandé à l’élève d’ôter son voile dans la cour de l’établissement, alors qu’elle sortait des toilettes avec une camarade, rapporte la Voix du Nord. Mais la lycéenne, qui s’apprêtait à quitter le lycée, aurait refusé. L’enseignante aurait alors «essuyé des propos injurieux», a déclaré le parquet de Lille.

La professeure se serait ensuite «opposée à sa sortie de l’établissement afin de recueillir son identité» et l’élève aurait à ce moment porté «une gifle à l’enseignante, qui la lui rendait». «S’ensuivaient plusieurs coups, menaces et bousculades», a développé la procureure Carole Etienne.

L’élève, âgée de 18 ans, inconnue des services de police, aurait ensuite pris la fuite. Elle a été interpellée à son domicile lundi à 18 h 40 et placée en garde à vue.

Les conséquences dans l’établissement

On ignore encore si des jours d’interruption totale de travail ont été prescrits à l’enseignante, mais elle se trouverait en arrêt maladie, d’après la Voix du Nord. Ce mardi matin, les professeurs du lycée se sont réunis avant les cours et ont décidé de faire valoir leur droit de retrait. Tous les élèves sont donc rentrés chez eux.

«Un dispositif de soutien» a été mis en place par le rectorat pour la communauté éducative de l’établissement. En outre, une «équipe mobile de sécurité» a été déployée sur place, a souligné la ministre de l’Education.

La procédure judiciaire

Une enquête a été ouverte et la garde à vue de la lycéenne prolongée mardi, a déclaré le parquet. Selon Jean-François Carémel, secrétaire académique du Snes-FSU Lille, une plainte a été déposée par l’enseignante. L’enseignante «a été agressée verbalement puis physiquement, sans contestation possible puisque la vidéo du lycée» a permis aux policiers «de prendre non seulement la plainte mais de qualifier les faits», a affirmé le député Gérald Darmanin, maire de Tourcoing.

La ministre de l’Education, Anne Genetet, qui s’est entretenue avec la professeure, a annoncé qu’une «mesure conservatoire» avait été prise à l’encontre de l’élève «pour lui interdire l’accès à l’établissement jusqu’à réunion de son conseil de discipline», selon son message publié sur X. Elle a assuré avoir demandé «des sanctions disciplinaires très fermes» contre la lycéenne. L’élève a été déférée ce mercredi, a indiqué le parquet de Lille. Elle sera présentée en audience en comparution immédiate cet après-midi.

Les réactions

Pointant un acte qui défie l’«école laïque», la ministre de l’Education a ajouté que «l’Ecole de la République ne laissera passer aucune atteinte à ses principes et à ses valeurs. Nous ne transigerons jamais. Je ne laisserai rien passer». «Dans tous nos établissements, la loi de 2004 doit s’appliquer, toute la loi de 2004» interdisant le port de signes religieux à l’école, a réagi le ministre délégué en charge de la réussite scolaire, Alexandre Portier. «L’heure n’est plus aux errements, aux hésitations, mais à une ligne claire, ferme et assumée», a-t-il ajouté.

«Je veux apporter tout mon soutien à cette enseignante de Tourcoing qui, alors qu’elle faisait simplement respecter la laïcité – notre bien commun – a été frappée par une élève, a réagi l’ancien ministre de l’Intérieur et élu de Tourcoing Gérald Darmanin, dans un message sur X. Tout le monde doit soutenir nos enseignants et condamner cette violence contre la République elle-même.»

«Tout mon soutien à l’enseignante agressée, a réagi le président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand. La laïcité est un des piliers de l’école de la République, elle ne se négocie pas.»

Mise à jour mercredi 9 octobre, avec l’ajout de nouveaux éléments communiqués par le parquet de Lille.