Sur les poteaux, les troncs d’arbres, les murs des immeubles, impossible ce jeudi 5 juin au soir d’ignorer le regard à demi dissimulé par une mèche de cheveux de Rayana B., dont le portrait est placardé par une équipe efficace de quelques militants sur toutes les surfaces de l’angle de la rue Custine et du boulevard Barbès, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Yara, 14 ans, arpente le trottoir et alpague les passants, souriant de toutes ses dents baguées. «Justice pour Rayana», lance-t-elle, tendant à ceux qui s’arrêtent malgré la pluie battante un flyer relatant le décès de la jeune femme de 21 ans.
Il y a trois ans jour pour jour, à quelques mètres de là, Rayana B. a été tuée d’une balle dans la tête par un policier. Elle se trouvait sur le siège passager d’une voiture conduite par Mohamed M., qui, quelques minutes plus tôt, avait pris la fuite lors d’un contrôle de police. Pris en chasse, le conducteur tente de s’échapper par une voie de bus et refuse d’obtempérer malgré les sommations. Trois agents ouvrent le feu sur le véhicule ; l’un d’eux, Thomas B., blesse mortellement la pa