Tags, dégradations de vitrines et violences : des heurts ont éclaté dans la nuit de mercredi à jeudi dans le centre d’Aurillac, chef-lieu du Cantal, au premier jour de la 38e édition du festival international de théâtre de rue. Selon les informations d’Ici Pays d’Auvergne, les affrontements ont démarré dès 23 h 30, quelques minutes après l’arrestation d’un jeune homme surpris en train de taguer une devanture de banque - la préfecture du Cantal évoque une «interpellation en flagrant délit». Des dizaines d’individus se rassemblent alors rapidement autour des forces de l’ordre pour contester la fermeté de l’interpellation, selon le journal local La Montagne. C’est à ce moment-là que la situation dégénère.
Un groupe de personnes, parfois masquées, s’oppose ensuite aux forces de l’ordre sur une place du centre-ville, s’en prenant à des abribus et de nombreux commerces, lançant des projectiles sur les CRS et allumant des feux de poubelles, retrace un correspondant de l’AFP présent sur place. Ce groupe était constitué de 300 personnes, assure une source policière, tout en précisant que ces individus ont descellé des pavés pour les lancer sur les forces de l’ordre et ont construit des barricades.
Marie-José Ortigues, conseillère municipale issue de l’opposition de droite, présente dans le centre-ville d’Aurillac mercredi soir, affirme auprès de Libération que des «blacks blocks ont mis le feu à tout ce qu’ils trouvaient : des poubelles, des panneaux en verre, des toiles du barnum». L’élue ajoute que «c’est une petite étincelle», en l’occurrence «l’interpellation du tagueur», qui a mis le feu aux poudres. «Tout est parti en vrille en quelques minutes.» Selon elle, les affrontements se sont déroulés jusqu’au milieu de la nuit, aux alentours de 2 heures du matin.
Une enquête en cours
Les CRS répliquent ensuite avec des gaz lacrymogènes, finissant par repousser les groupes les plus virulents vers les rues adjacentes dans la nuit. «L’intervention dynamique des forces de l’ordre a permis de limiter les conséquences de ces violences sur les biens et les personnes, commis par des individus particulièrement violents et déterminés», a souligné la préfecture du Cantal dans un communiqué publié ce jeudi, tout en déplorant des «actes inacceptables». Lors d’une conférence de presse donnée ce jeudi dans l’après-midi, le préfet du Cantal, Philippe Loos, a précisé que huit policiers avaient été blessés dans les affrontements.
La procureur d’Aurillac, Sandrine Delorme, a pour sa part annoncé qu’aucune interpellation n’avait eu lieu, ni aucune garde à vue. Mais «une enquête est en cours pour pouvoir identifier les casseurs. Le parquet déférera toute personne identifiée et contre laquelle il y aura suffisamment d’éléments», a-t-elle ajouté.
«Ils étaient là pour en découdre»
Le maire PS de la commune, Pierre Mathonier, a lui aussi déploré cette explosion de violences. «On ne peut pas laisser ces black blocs aux discours anarchistes casser notre ville et notre festival», a-t-il notamment déclaré auprès de l’AFP. L’événement accueille 3 000 artistes et environ 180 000 visiteurs jusqu’au 23 août. L’élu estime les dégâts sur la voie publique entre 20 000 et 30 000 euros.
D’après l’édile, parmi les «300 individus, il y avait 60 activistes cagoulés qui étaient là pour en découdre, pour casser le festival, les symboles de la République et la ville d’Aurillac, les autres étaient des suiveurs». Au micro de BFMTV, Pierre Mathonier, souligne que «la population est traumatisée».
Des CRS envoyés en renfort
Afin d’éviter de nouveaux débordements, des CRS ont été déployés en renfort dans la commune jusqu’à la fin de l’évènement, le 23 août. «Le ministre de l’Intérieur m’a octroyé des moyens humains et matériels supplémentaires», a ainsi renseigné le préfet du Cantal ce jeudi. Marie-José Ortigues, qui a pu échanger avec des agents techniques de la ville, souligne toutefois que ces derniers «sont très inquiets pour ce soir, et pour la suite du festival».
Reportage
Cet épisode n’est pas sans rappeler un précédent débordement. Lors de l’édition 2023 du festival, le tribunal d’Aurillac avait été dégradé par un groupe de personnes en marge d’une manifestation de soutien à une femme poursuivie en justice pour «exhibition sexuelle» après s’être promené seins nus. Des drapeaux français avaient été décrochés, des individus s’étaient introduits dans le tribunal et avaient dégradé la salle des pas perdus, un début d’incendie avait été rapidement circonscrit. Alors garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti s’était rendu sur place et avait estimé à 250 000 euros les dégradations commises.