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Polémique

«Tout n’est pas un attentat» : le maire de Cannes dénonce un «emballement grotesque» après un tweet de Darmanin

David Lisnard a déploré ce jeudi 19 octobre «de nombreuses interprétations sensationnelles» après l’arrestation la veille au soir d’un homme ayant menacé un commerçant avec un couteau.
Le maire de Cannes David Lisnard (au centre) et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin (à droite) à Paris, le 23 novembre 2022. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 19 octobre 2023 à 14h23

Inutile de souffler sur les braises. Dans un contexte anxiogène et justifié par une actualité mêlant attaque au couteau d’Arras, attentat de Bruxelles et guerre entre le Hamas et Israël, Gérald Darmanin se fait recadrer ce jeudi 19 octobre par le maire de Cannes, David Lisnard. Ce dernier a regretté un «emballement médiatique et politique assez grotesque» et relevé «de nombreuses interprétations sensationnelles».

Tout est parti d’une altercation, survenue mercredi vers 19 heures dans un établissement de contrôles techniques de la ville des Alpes-Maritimes. Un homme ayant déroulé un tapis de prière dans le lieu s’en prend au responsable du garage qui lui demande de partir. Le procureur de Grasse, Damien Savarzeix, rapporte que, d’après les déclarations du responsable, «l’homme a sorti un couteau de poche en criant ‘‘Allah Akbar’’». Retranché dans un bureau, il appelle alors la police qui interpelle et place en garde à vue pour apologie du terrorisme et violences avec arme l’homme, apparemment un sans domicile fixe.

Une heure et demie plus tard, vers 20 h 30, le compte Twitter (renommé X) de Gérald Darmanin publie un message : «A Cannes, les courageux policiers de la BAC viennent d’interpeller un homme très dangereux, porteur d’un couteau, qui avait voulu s’en prendre à un individu. Merci à eux : ils ont évité le pire».

Suffisant pour attirer l’attention des médias. D’autant plus que, dans un premier temps, une source policière assure que les faits se seraient déroulés «devant» une synagogue. Vue par de très nombreux internautes, la publication du ministre de l’Intérieur est alors largement commentée ou partagée.

Retournement de situation. Au lendemain de la pagaille, David Lisnard désamorce sur Facebook : «Après plusieurs vérifications grâce notamment aux images du CPU (vidéo protection) municipal […], je peux vous indiquer que nous voyons une altercation […] sans échange de coups». Quant à l’information selon laquelle les faits se seraient déroulés devant une synagogue ? «Le site est à 20 m de la gare, 50 m du lycée, 100 m du commissariat, 200 m de la synagogue. Le lien avec la synagogue est à ce stade une extrapolation», insiste l’élu cannois.

Agacé, l’élu souligne enfin : «Un attentat est hélas possible chez nous, mais tout n’est pas attentat». Pas de quoi calmer les ardeurs d’un ministre de l’Intérieur en surchauffe. Ce jeudi encore, le ministre dénonce à Luxembourg une «naïveté» au sein des institutions européennes face à un «jihadisme d’atmosphère» qui «permet la radicalisation» et le «passage à l’acte».

David Lisnard et Gérald Darmanin nagent dans des couloirs proches, à droite, en vue de la présidentielle 2027. Le premier, également président de l’Association des maires de France, entend peser au sein du parti Les Républicains. Le second, a lui aussi commencé à abattre ses premières cartes, notamment lors de son grand raout pour sa rentrée politique fin août.