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Enquête

Trafic de cocaïne : plongée dans le QG des chasseurs de narcos en haute mer

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Sous-marins, petites embarcations ou encore navire transportant du bétail… le trafic de stupéfiants entre l’Amérique latine et l’Europe bat tous les records. Dans leur centre ultra-sécurisé à Lisbonne, des fonctionnaires venus de sept pays européens tentent de déjouer les stratagèmes maritimes sans cesse réinventés des trafiquants.
Au Centre opérationnel d’analyse du renseignement maritime pour les stupéfiants, dit Maoc (N), une trentaine de fonctionnaires européens (policiers, douaniers, militaires, analystes, tous en civil) ainsi qu'un agent de la DEA, l'agence antidrogue américaine, cherchent à intercepter les trafiquants. (Sabri Benalycherif/Libération)
publié le 20 août 2023 à 19h04

Soixante milles au large des îles Canaries. Un patrouilleur de la douane espagnole, ses deux gros moteurs diesels à fond et ses mitrailleuses chargées, fonce droit sur une antiquité flottante. L’Orion V est un navire bétaillier vieux d’un demi-siècle et long de près de 100 mètres, à destination de Beyrouth, battant pavillon togolais et rebaptisé de fraîche date. Suspicieux, tout comme sa provenance : Carthagène, en Colombie. «Un bon gros bateau pourri, pas aux normes et peu maniable, en bref, un rêve de narco», résume un officier qui a suivi l’opération. Ce 24 janvier, les douaniers n’entendent d’abord que les 1 700 vaches qui beuglent, ballottées par les flots. Une embarcation légère est mise à l’eau. Six hommes, casqués et bardés de protections pare-balles, fendent les dernières encablures avant de se hisser sur les vieilles échelles de corde qui pendent le long de la coque. A bord, «10 tonnes de merde bovine et 4,5 tonnes de cocaïne, planquées dans les silos à grain, le genre de truc impossible à fouiller en mer». Heureusement, le renseignement s’avère solide, et le bateau est dérouté temporairement vers Las Palmas, co-capitale de l’archipel espagnol en Atlantique. Les 28 membres de l’équipage, de neuf nationalités différentes, sont arrêtés et débarqués. «Puis il a fallu trouver un autre port d’escale pour les bêtes, une ville qui accepte d’avoir une telle épave à quai, poursuit l’agent précité. On avait peur d’un scandale avec les organisat