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Libération
Narcobanditisme

Trafic de drogue à Marseille : Félix Bingui, le chef du gang Yoda, interpellé au Maroc

Le chef de l’un des plus importants gangs du narcobanditisme marseillais a été arrêté à Casablanca, a annoncé Gérald Darmanin ce samedi 9 mars. Ces deniers mois, les interpellations se multiplient pour mettre un terme au conflit entre «Yoda» et «DZ Mafia», alors que 49 personnes sont mortes dans des «narchomicides» l’an dernier dans les Bouches-du-Rhône.
La majorité des 68 homicides ou tentatives d’homicides en bande organisée depuis le début de l’année à Marseille sont liés à la rivalité entre ces deux bandes. (Gerard Julien/AFP)
publié le 9 mars 2024 à 13h01
(mis à jour le 9 mars 2024 à 13h15)

C’est l’un des gros bonnets du trafic de drogue à Marseille. Le chef du gang Yoda, Félix Bingui, a été interpellé vendredi au Maroc, a annoncé ce samedi 9 mars le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Arrêté à Casablanca (ouest du Maroc), l’homme de 33 ans faisait l’objet d’un mandat d’arrêt d’un juge d’instruction marseillais pour «importation de stupéfiants en bande organisée, transport, détention, acquisition, cession de stupéfiants, association de malfaiteurs (...) blanchiment et non justification de ressources», a précisé le parquet de Marseille dans un communiqué.

Le ministre de l’Intérieur s’est félicité, dans un message publié sur X (ex-Twitter), de l’arrestation de l’«un des plus grands narcotrafiquants marseillais», remerciant au passage les autorités marocaines pour leur «coopération». «S’attaquer à la tête de la pieuvre, c’est la priorité. Aujourd’hui un coup majeur est porté au narcotrafic international», a renchéri Benoît Payan, le maire socialiste de la ville, sur le même réseau.

Depuis plusieurs mois, une guerre de territoire a lieu entre deux gangs rivaux du narcobanditisime à Marseille, Yoda et DZ Mafia. Selon la préfète de police des Bouches-du-Rhône, Frédérique Camilleri, 80 % des 68 homicides ou tentatives d’homicides en bande organisée depuis le début de l’année à Marseille sont liés à la rivalité entre ces deux bandes de la cité de la Paternelle, dans le nord de la ville.

Au mois de janvier, le parquet de Marseille avait annoncé l’interpellation de treize personnes, impliquées dans un double homicide en Espagne, directement lié au conflit entre les deux clans rivaux.

«Une stratégie de fusillades à l’aveugle»

Début février, la préfère de police avait estimé que les assassinats liés au trafic de stupéfiants, les «narchomicides», ont fait 49 morts dans les Bouches-du-Rhône en 2023, un chiffre record imputable à une «stratégie d’intimidation et de terreur» des trafiquants, selon elle. C’est «le chiffre le plus important de ces dernières années, voire depuis toujours», avait-elle souligné. En 2022, le narcobanditisme avait fait une trentaine de morts. L’année 2023 a été «très particulière sur le plan de la violence liée au trafic de stupéfiants, parce que nous avons deux clans extrêmement importants qui se sont livrés une guerre sanglante», avait affirmé Frédérique Camilleri.

L’ex-cheffe de la police marseillaise (désormais en poste en Essonne) avait relevé le caractère «inédit» des profils d’assassins présumés, très jeunes, et de la rapidité de la riposte entre les deux camps, décrivant «une stratégie de fusillades à l’aveugle». Les forces de l’ordre ont observé des «modes opératoires extrêmement violents, à la fois en soi, mais aussi dans la mise en scène de violences, ensuite, sur les réseaux sociaux», avait-elle ajouté.

Depuis plusieurs mois, les forces de l’ordre multiplient les opérations pour tenter d’endiguer cette vague de violences qui gangrène la ville. «Il y a 80 personnes qui sont actuellement sous les verrous, qui sont liées à ces deux clans» de la DZ Mafia et Yoda, avait encore dénombré la préfète début février, à la suite de plusieurs coups de filet.

Les autorités ont notamment mis en place une stratégie de «pilonnage», supprimant 70 points de deal à Marseille et interpellant 2 350 «trafiquants», soit une augmentation de 10 %. Un total de 107 fusils d’assauts ont été saisis, «une augmentation de 47 %, un chiffre totalement inédit», avait encore fait remarquer Frédérique Camilleri.

Mise à jour : à 13 h 14, avec davantage de contexte.