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Justice

Trafic d’influence autour du PSG : l’ancien vice-président macroniste de l’Assemblée Hugues Renson mis en examen

L’ancien député LREM de Paris est soupçonné d’avoir facilité la tâche au PSG dans plusieurs dossiers en échange de billets pour assister aux matches du club de la capitale. Le quadragénaire estime n’avoir rien fait d’illégal.
Hugues Renson est actuellement secrétaire général d'EDF Hydro. Ici à Munster, le 19 octobre 2023. (Gouhoury B/ANDBZ. ABACA)
publié le 5 septembre 2024 à 21h46

L’affaire tentaculaire n’en finit pas de s’étendre. L’ancien vice-président macroniste de l’Assemblée Hugues Renson a été mis en examen ce jeudi 5 septembre à Paris pour trafic d’influence, soupçonné d’avoir œuvré à des décisions politiques favorables au PSG en échange de billets de matches prestigieux ou autres récompenses du club, a appris l’AFP de source proche du dossier.

Hugues Renson, 46 ans, député de Paris de 2017 à 2022 et actuellement secrétaire général d’EDF Hydro selon sa bio personnelle, a été entendu pendant de nombreuses heures par un juge d’instruction financier parisien qui l’a mis en examen en fin de journée et placé sous contrôle judiciaire, selon la source proche du dossier. «Hugues Renson conteste. Il n’a commis aucun acte illégal dans le cadre de ses missions», a indiqué à l’AFP son avocat Me Mario Stasi.

Selon les éléments de l’enquête dont l’AFP a eu connaissance, M. Renson est mis en cause pour avoir, en tant qu’élu, obtenu des places pour des matches du club, des avantages pour sa famille ou sollicité un emploi au PSG. En échange, toujours selon cette source, celui qui avait créé un groupe informel de députés amis du PSG serait soupçonné d’avoir utilisé son «influence réelle ou supposée» pour obtenir pour le club détenu par le Qatar «des décisions favorables d’une autorité ou administration publique», s’agissant d’une salle de sport pour une filiale judo du PSG, du centre d’entraînement du club, de visa pour un personnel etc.

Enquête à tiroirs

Dans cette enquête à tiroirs, ouverte à l’été 2021, plusieurs protagonistes, anciens policiers, personnalités du club ou lobbyistes, sont soupçonnés de s’être rendus des services mutuels en échange d’avantages provenant du PSG ou en faveur du club. Depuis septembre 2022, un juge d’instruction est saisi de ce dossier ouvert notamment sur les infractions de trafic d’influence et corruption, et a mis en examen plusieurs personnes dont Jean-Martial Ribes, ex-directeur de la communication du club, Malik Nait-Liman, ancien référent supporters du club et ex-policier des services de renseignement, des policiers ou encore le lobbyiste franco-algérien Tayeb Benabderrahmane.

Le nom d’Hugues Renson, ainsi que celui d’une ex-conseillère de la cellule sports de l’Elysée, Charlotte Casasoprana, sont apparus dans cette enquête lors de l’«extraction des données du téléphone portable» de Jean-Martial Ribes, précisait l’IGPN dans un rapport daté de novembre 2023 consulté par l’AFP. Les deux ont été entendus en audition libre en mai dans les locaux de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).

Selon des échanges téléphoniques dont l’AFP a eu connaissance, M. Renson aurait contacté les ministres de l’Intérieur Christophe Castaner, en fonction entre 2018 et 2020, ou Gérald Darmanin (2020-2024), après des demandes de M. Ribes. Entendu comme témoin en mai, un des ex-collaborateurs de M. Renson à l’Assemblée entre 2017 et 2020 a évalué à «une vingtaine» le nombre de places offertes par le PSG au député au sein du «Carré», le très chic et très prestigieux espace des environ 200 invités de marque du club. D’après les messages obtenus par les enquêteurs sur le téléphone de M. Renson, le chiffre pourrait atteindre une trentaine entre 2017 et 2021.

«Nasser t’invite au match»

«Nasser» Al-Khelaïfi, partie civile dans ce dossier et patron qatari du PSG, «t’invite au match», écrit par exemple M. Ribes en avril 2021, deux jours avant un important quart de finale de Ligue des champions à Paris. Interrogé sur des interventions précises de M. Renson en faveur du club parisien, l’ex-attaché parlementaire a minimisé : «On en a tellement vu passer et fait passer que je n’en ai pas de souvenir précis». Une autre ex-collaboratrice a elle indiqué fin avril que les invitations «étaient liées à (la) fonction» de M. Renson et n’étaient «pas des cadeaux» mais une démarche «assez fréquente» pour des élus. Il allait parfois au Parc «avec des amis députés», a-t-elle souligné. Quid des interventions pour des demandes «privées», par exemple pour l’ex-dircom du PSG ? Hugues Renson «est intervenu comme un député envers un administré», a répondu cette ex-collaboratrice.

Le nom de Renson apparaît aussi dans l’enquête sur des soupçons de faveur fiscale accordée au club parisien lors du transfert de l’attaquant brésilien Neymar en 2017, qui fait l’objet depuis début 2024 d’une procédure distincte. La justice se demande si l’ex vice-président de l’Assemblée nationale a tenté d’obtenir du gouvernement des avantages fiscaux pour le PSG lors du transfert pour 222 millions d’euros (le plus cher de l’histoire) de la superstar brésilienne dans le club de la capitale.