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Justice

Trafic sexuel : Pornhub va payer 1,8 million de dollars pour échapper aux poursuites aux Etats-Unis

Aylo Holding, la maison mère du site pornographique Pornhub, a scellé un accord avec la justice américaine dans lequel elle s’engage à dédommager financièrement des victimes de trafic sexuel.
La page d'accueil du site web PornHub. (Edouard Richard/Hans Lucas)
publié le 22 décembre 2023 à 9h46

La plateforme de vidéos pornographiques était accusée d’avoir diffusé des vidéos issues du trafic sexuel. Pour échapper à des poursuites, la maison mère de Pornhub, Aylo Holdings, a scellé un accord dit de «poursuite différée» avec la justice américaine, a annoncé le parquet fédéral de Brooklyn dans un communiqué publié jeudi 21 décembre. Au total, la société canadienne devra verser 1,8 million de dollars à l’Etat fédéral, et dédommager financièrement «des individus victimes de trafic sexuel».

Pour s’assurer qu’elle respecte les termes de l’accord, Aylo Holdings – qui détient Pornhub mais aussi d’autres sites pornographiques tels que Brazzers et Youporn – sera sous surveillance d’une autorité judiciaire américaine, pendant une période probatoire de trois ans.

Des vidéos diffusées sans consentement

«Cet accord de poursuite différée rend la maison mère de Pornhub.com responsable de l’hébergement de vidéos et le fait d’accepter d’être rémunérée par des criminels qui ont contraint des jeunes femmes à des actes sexuels sur des vidéos diffusées ensuite sans leur consentement», a déclaré dans le communiqué le procureur fédéral de Brooklyn, Breon Peace. Ce que le magistrat espère désormais, c’est «que ce règlement (transactionnel), avec dédommagement financier à des femmes dont l’image a été postée sur les plateformes de l’entreprise, (leur) permette de tourner la page».

Anciennement connu sous le nom MindGeek et fondé à Montréal en 2004, Aylo assure sur son site internet «offrir du divertissement mondial pour adultes sur des plateformes parmi les plus sûres d’internet». D’après la justice fédérale pourtant, le géant du porno avait commencé en 2009 à produire et diffuser des vidéos pornographiques sur Pornhub.com créées par la société GirlsDoPorn (GDP) d’un certain Michael Pratt et des associés. Des individus inculpés en 2019 en Californie pour trafic sexuel, et accusés d’avoir trompé et contraint des jeunes femmes à apparaître dans des vidéos diffusées en ligne sans leur consentement.

Des contrôles renforcés

Conclu aux Etats-Unis, cet accord judiciaire survient au lendemain d’une annonce de la Commission européenne, qui a ajouté les sites pornographiques Pornhub, Stripchat et XVideos à la liste des très grandes plateformes en ligne soumises à des contrôles renforcés, dans le cadre de la nouvelle législation sur les services numériques (DSA).

Les trois sites, qui comptent chacun plus de 45 millions d’utilisateurs actifs dans l’Union européenne, seront soumis à partir de fin avril à des règles plus strictes, notamment pour s’assurer qu’ils mettent en œuvre les moyens nécessaires pour la protection des mineurs, a annoncé Bruxelles. «La création d’un environnement en ligne plus sûr pour nos enfants» est «une priorité» en vertu du DSA, a insisté le commissaire au Numérique Thierry Breton. En cas de non-respect des nouvelles règles, les plateformes pourront se voir infliger des amendes allant jusqu’à 6 % de leur chiffre annuel mondial, voire une interdiction d’opérer en Europe.