En huit ans, le parti a changé de nom et ces gros bras-là n’y officient plus. Mais la justice les a bien condamnés. Le tribunal correctionnel de Paris a condamné ce vendredi 10 novembre trois hommes, ex-membres du service d’ordre du Front national (FN), pour «violences en réunion» après l’évacuation musclée de militantes des Femen en 2015. Il a également infligé une peine de 90 jours-amende de 10 euros à Robert B., une amende de 800 euros avec dispense d’inscription au volet 2 du casier judiciaire à Selim F. ainsi qu’un stage de citoyenneté à Fabien B. Les trois hommes ont été également condamnés à verser solidairement 500 euros à chacune des plaignantes pour le préjudice moral et 500 euros au titre des frais de justice.
Les faits remontent au 1er mai 2015. Place de l’Opéra à Paris, une manifestation du Front national, rebaptisé entre-temps en 2018 Rassemblement National (RN), bat son plein. Au moment du discours de Marine Le Pen, alors présidente du parti, trois femmes investissent un balcon de l’hôtel InterContinental Paris Le Grand qui surplombe la place de l’Opéra. En vérité trois militantes Femen, seins nus, brandissant un fumigène, faisant le salut fasciste tout en prenant soin de déployer une banderole sur laquelle était écrit en lettres gothiques sur fond rouge «Heil Le Pen», référence au salut nazi «Heil Hitler».
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A l’époque, le mouvement Femen, né en Ukraine à la fin des années 2000, fait régulièrement passer ses messages féministes en perturbant des manifestations publiques tous seins dehors. D’ailleurs, plus tôt, ce 1er mai 2015, deux membres du mouvement féministe avaient déjà fait leur apparition lors d’un dépôt de gerbe, avant d’être évacuées par les gros bras frontistes.
Intervention brutale
Mais au balcon, l’intervention des trois Femen perturbe l’assemblée frontiste et interrompt pendant cinq minutes le discours de Marine Le Pen. De quoi motiver le service d’ordre du parti à intervenir et à évacuer violemment les trois militantes. Les trois hommes, arborant le brassard orange du service d’ordre du parti d’extrême droite, avaient arraché les banderoles suspendues au balcon puis l’un d’eux avait brandi le poing en signe de victoire. L’un d’entre eux allant même jusqu’à haranguer le public, s’époumonant d’un «la France aux Français».
A l’époque, beaucoup d’observateurs se sont demandé comment cette intervention brutale avait été possible. Les employés de l’hôtel leur ont-ils aimablement ouvert la porte ? Que nenni. «Concernant les événements survenus le 1er mai, nous regrettons vivement la situation qui s’est produite. Les individus se sont introduits dans l’hôtel ainsi que dans une chambre en utilisant la force et ce malgré la présence de la police. L’Hôtel Intercontinental Paris Le Grand est bien sûr contre toute forme de violence et sans aucune affiliation politique. Nous avons été victimes d’événements imprévus et envisageons de dénoncer les faits», avait été forcé d’expliquer alors le directeur général de l’InterContinental Paris Le Grand.