Menu
Libération
Justice

Trois hommes interpellés pour avoir créé sur Telegram un groupe de «chasseurs de pédocriminels»

Un homme établi dans le Doubs, l’autre dans l’Allier et le troisième en Isère ont été arrêtés ce vendredi 8 novembre. Ils attiraient des hommes majeurs en se faisant passer pour des jeunes mineures pour leur tendre un guet-apens.
Les trois suspects animaient un groupe Telegram baptisé «la ligue anti-pédo». (Stein Silas/DPA. ABACA)
publié le 8 novembre 2024 à 17h59

Ils seront présentés cette semaine devant la Juridiction interrégionale spécialisée de Nancy en vue d’être mis en examen. Trois hommes suspectés d’avoir créé un groupe de «chasseurs de pédophiles» sur la messagerie Telegram, en incitant ses membres à agresser des personnes présentées comme de possibles pédocriminels, ont été interpellés ce vendredi 8 novembre, selon une information de l’Est Républicain confirmée par des sources proches du dossier.

Un homme de 21 ans domicilié dans le Doubs, «se présentant comme un justicier», a conçu avec les deux autres suspects établis dans l’Isère et l’Allier «la ligue anti-pédo», «un groupe accessible sur Telegram», a précisé à l’AFP une source proche du dossier. Les trois hommes sont suspectés d’avoir incité les membres du groupe à se faire passer pour des jeunes filles mineures sur les réseaux sociaux afin d’«hameçonner» des hommes majeurs, alors présentés comme de possibles pédocriminels, avant de leur tendre un guet-apens, pour les humilier et filmer l’agression, précise la même source. Les vidéos étaient ensuite diffusées sur le groupe Telegram.

Enlèvement, séquestration et agression

Les suspects ont établi un mode opératoire précis, mettant à disposition du groupe des photos de jeunes mineures pour attirer les internautes. «Une femme était même en capacité d’appeler les personnes hameçonnées pour se faire passer pour les jeunes mineures», ajoute une source proche de l’enquête.

L’administrateur du groupe Telegram est également suspecté d’avoir agressé un jeune homme de 22 ans, habitant lui aussi dans le Doubs. Ce dernier s’est présenté en octobre auprès des forces de l’ordre en racontant s’être rendu à un rendez-vous qu’il pensait avoir fixé avec une adolescente de 14 ans, rencontrée sur les réseaux sociaux. Mais en lieu et place de la jeune fille, deux hommes l’attendaient. Il a indiqué aux policiers «avoir été enlevé, amené dans un bois et soumis à des actes de violences très sévères», d’après la source proche du dossier. Ses agresseurs lui ont ensuite pris sa carte bancaire et ses codes. Déshabillé, roué de coups, il est «promené comme un chien au bout d’une laisse, obligé de laper le sol», poursuit la source, «il a subi une scène de très grande humiliation».

L’enquête pour association de malfaiteurs a été confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Strasbourg. Les investigations se poursuivent pour identifier de potentielles autres victimes et auteurs d’agressions.