L’ancien dirigeant du chœur de jeunes filles et de jeunes garçons de Radio France entre 1989 et 1998, Denis Dupays, va être jugé pour viol sur mineur, apprend-on ce lundi 5 août. Il est accusé d’avoir imposé une fellation à un adolescent lors d’une tournée aux États-Unis et au Canada en juillet 1993, ainsi que d’avoir commis des atteintes sexuelles «par violence, contrainte, menace ou surprise» sur la même personne.

La victime ne faisait pas partie de la maîtrise de Radio France, mais des Petits chanteurs de la Vierge noire, une chorale de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Ce jeune choriste était âgé de 14 ans au moment des faits - aujourd’hui âgé de 45 ans - selon l’ordonnance de mise en accusation rendue début juillet par le tribunal judiciaire de Nancy. Selon nos confrères du Parisien, l’audience aura lieu devant la cour criminelle de Meurthe-et-Moselle, au second semestre 2025 ou début 2026.

Selon ce même document judiciaire, l’ancien chef de chœur, âgé de 75 ans actuellement, «a reconnu la matérialité des faits». L’avocate de la victime, Pauline Ragot, s’est félicitée de la perspective de ce procès, après douze ans d’instruction : «une première victoire» dans un «long combat judiciaire». «Cette audience est également très attendue par nombre d’anciens élèves ayant dénoncé des abus de la part de l’ancien directeur de maîtrise de Radio France», a-t-elle ajouté dans un courriel adressé à l’AFP.

«Mon client attend aussi de ce procès qu’il provoque un sursaut dans les milieux de la chorale et de la manécanterie [chœurs d’enfants composés de garçons, ndlr] : il faut que la parole de ces enfants - parfois adultes aujourd’hui - puisse continuer à se libérer pour dénoncer sans relâche ces comportements abjects», a par ailleurs estimé Pauline Ragot.

Denis Dupays avait été licencié en 1985 pour faute grave de ses fonctions de chef de chœur de l’Opéra de Nantes, suite aux déclarations d’un mineur de moins de 15 ans qui l’accusait de l’avoir agressé sexuellement. Ses parents n’avaient pas porté plainte. Selon Le Parisien, qui a enquêté dans le milieu des chorales, «trois enfants au moins avaient été victimes» de Denis Dupays à Radio France et une victime «avait également été retrouvée, dans la première formation qu’il avait dirigée à Toulouse».

Comme le rappelle France Info, «le groupe Radio France avait lancé un appel à témoins à destination des élèves ou anciens élèves de la Maîtrise de Radio France» en mai 2023, à la suite de la parution d’articles de presse sur les agissements de Denis Dupays. Le premier groupe radiophonique français se disait alors «déterminé à faire toute la lumière sur ces années et à aider de toutes les manières possibles [ses] anciens élèves».