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Libération
L’ADN a parlé

«Le Grêlé», tueur en série parisien recherché depuis trente-cinq ans, était gendarme

Avant de se suicider au Grau-du-Roi, un ancien gendarme de 59 ans a avoué dans une lettre être «le Grêlé», un tueur en série recherché depuis les années 80. Les analyses ADN ont confirmé son identité au terme d’une enquête qui a duré trois décennies.
Portrait-robot du tueur de Cécile Bloch, surnommé le «Grêlé». (Emmanuel Pagnoud/MAXPPP)
publié le 30 septembre 2021 à 17h30
(mis à jour le 1er octobre 2021 à 8h55)

Un dénouement après trente-cinq ans. L’un des plus vieux cold cases de l’histoire judiciaire française résolu par un coup de théâtre. Le corps d’un homme retrouvé au Grau-du-Roi, dans le Gard, est bien celui du «Grêlé», un tueur et violeur en série recherché depuis les années 1980. L’ADN de cet ancien gendarme de 59 ans, devenu policier avant de prendre sa retraite, s’est révélé correspondre au profil génétique retrouvé sur plusieurs scènes de crime, a fait savoir le parquet du Gard dans la soirée de jeudi.

François V. a mis fin à ses jours dans un appartement loué sur Airbnb après avoir vidé ses comptes en banque. L’ancien gendarme a laissé une lettre dans laquelle il révélait son autre visage, affirmant être «le Grêlé», jamais confondu par la justice et soupçonné d’avoir commis six meurtres et quatre viols entre 1983 et 1994.

Jeudi, après les révélations de M6 et du Parisien, la prudence était de mise. «Des suspects au profil idéal, il y en a eu énormément dans cette affaire», met en garde Patricia Tourancheau, ancienne journaliste à Libération et autrice du 36. Histoires de poulets, d’indics et de tueurs en série, un ouvrage dédié aux services de la police judiciaire, qui consacre une centaine de pages au «Grêlé». François V. s’est donné la mort alors qu’il était convoqué dans le cadre de l’affaire pour effectuer un prélèvement ADN. Son profil correspond aussi à la piste d’un membre des forces de l’ordre, explorée grâce à plusieurs indices parmi lesquels une carte barrée d’un bandeau tricolore.

Quatre meurtres et six viols

Le 5 mai 1986, le corps sans vie de la petite Cécile Bloch, 11 ans, est retrouvé au sous-sol de son immeuble du XIXe arrondissement de Paris, enroulé dans un bout de moquette. Elle a été violée et poignardée. A travers plusieurs témoignages de résidents ayant aperçu un suspect, les enquêteurs constituent son portrait-robot : un homme entre 20 et 25 ans, un peu négligé, mais surtout un visage irrégulier, recouvert de traces d’acné ou de variole. D’où ce surnom du «Grêlé» que lui attribue bien vite la presse.

Ce tueur en série pourrait être impliqué dans d’autres affaires : le meurtre de Gilles Politi, 38 ans et Irmgard Mueller, 20 ans, tués le 29 avril 1987, celui de Karine Leroy, disparue de la cité Beauval à Meaux, à 19 ans, le 9 juin 1994. Le «Grêlé» est également soupçonné dans six affaires de viol.

Cet ancien militaire travaillait en région parisienne entre les années 80 et 90, selon Le Point. Il aurait ensuite posé ses valises dans le sud de la France où il s’est marié et a eu deux enfants. Selon le Parisien, il a expliqué dans sa lettre qu’il n’était «pas bien dans sa vie» quand il a commis ses crimes mais qu’il s’était «pris en main» et qu’il n’avait «rien fait» depuis 1997.

Mise à jour à 8h45 le 1er octobre avec la confirmation ADN.