Un homme âgé de 20 ans et né en Afghanistan a été mis en examen mercredi à Paris pour participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle et pour financement d’entreprise terroriste, et placé en détention provisoire, a indiqué samedi 1er novembre à l’AFP le parquet national antiterroriste (Pnat).
«Manifestement adhérent à l’idéologie jihadiste, il est soupçonné d’avoir été en lien avec l’EI-K (Etat islamique au Khorassan), notamment par l’envoi de fonds et à des fins de traduction et de relais de la propagande de cette organisation terroriste», a précisé le parquet antiterroriste. Cet homme a été interpellé à Lyon le 26 octobre.
Selon le Parisien, qui a révélé l’information, ce jeune Afghan, arrivé en France il y a quelques années, a été arrêté dans un centre de rétention administrative de Lyon par les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). L’EI-K est l’organisation qui se trouvait notamment derrière l’attentat terroriste à Moscou de mars 2024, qui lui vaut l’intérêt des services de renseignement occidentaux comme russes.
D’après le journal, les investigations démontrent que «le suspect, déjà sous le coup d’une procédure pour apologie du terrorisme, éditait et diffusait la propagande de l’EI-K sur les réseaux sociaux prisés des jeunes tels que TikTok ou Snapchat», et ont mis au jour des «circuits de financement en direction de l’étranger, vraisemblablement vers des jihadistes de cette branche afghane de Daech».
Un groupe qui s’oppose violemment aux talibans en Afghanistan
La «menace jihadiste représente 80 % des procédures» diligentées par le Pnat, avait rappelé mi-septembre 2024 le procureur antiterroriste Olivier Christen, qui notait qu’«au premier semestre 2024, il y avait eu à peu près trois fois plus de procédures» de ce type que sur la même période en 2023».
Cet accroissement s’explique d’après lui par le «contexte géopolitique», mais aussi par «la reconfiguration notamment en Afghanistan» du groupe Etat islamique, pays où l’organisation terroriste s’oppose violemment aux talibans. En septembre 2024, deux attaques du groupe EI-K, la branche régionale de l’EI en Afghanistan, ont tué une vingtaine de personnes dans ce pays. L’attaque la plus meurtrière de l’EI-K avait fait 145 morts en mars dans une salle de concert à Moscou.
«L’EI-K s’est imposé comme la branche de l’EI la plus tournée vers l’international. Il a produit de la propagande dans plus de langues que n’importe quelle autre filiale depuis l’apogée du califat [autoproclamé] en Irak en Syrie», avait souligné Lucas Webber, cofondateur du site spécialisé Militant Wire. «Cette vision internationale inclut une campagne ambitieuse et agressive pour renforcer ses capacités opérationnelles extérieures et frapper ses différents ennemis à l’étranger.»