[Actualisé dimanche 28 février à 13 h 40 avec la réaction de l’Elysée]
«Notre photographe violemment agressé en reportage». En lettres capitales noires, le titre barre, ce dimanche matin, toute la une de l’Union, le quotidien régional établi à Reims (Marne). C’est dans cette ville qu’un photojournaliste de ce titre de presse a été grièvement blessé, alors qu’il couvrait des regroupements de jeunes dans le quartier populaire de la Croix-Rouge. Une attaque suffisamment grave pour que le parquet de Reims ouvre une enquête pour «tentative de meurtre».
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Il était aux alentours de 15 heures, samedi, quand Christian Lantenois, photojournaliste de 65 ans, se rend dans ce quartier sensible avec une voiture flanquée du logo de l’Union. Une consœur de l’édition locale de Reims doit le rejoindre quelques minutes plus tard. Elle entend une altercation au loin, découvre finalement son collègue au sol, du sang s’écoulant de ses oreilles. Le sexagénaire est finalement pris en charge par le Samu et transféré au CHU de Reims, avec un pronostic vital engagé.
«Il a été agressé et grièvement blessé dans des circonstances encore indéterminées, mais de manière volontaire, explique à l’AFP le procureur de la République de Reims, Matthieu Bourrette. J’ai donc ouvert une enquête pour tentative de meurtre, confiée à la sûreté départementale.» Aucune interpellation n’a encore eu lieu dans cette enquête.
«Battes de base-ball»
Ce samedi après-midi, les deux journalistes de l’Union se rendaient dans le quartier de la Croix-Rouge parce qu’ils avaient été informés de regroupements de jeunes. «Les forces de l’ordre étaient sur place, avaient identifié des mouvements de jeunes, dont certains portaient des battes de base-ball, et des renforts avaient été appelés», précise à l’AFP le préfet de la Marne, Pierre N’Gahane. Les autorités n’ont pour le moment «pas d’informations précises sur ce qui s’est passé, s’il a reçu des coups ou un projectile. Mais il était au sol, saignait au niveau des oreilles», indique le représentant de l’Etat.
Dans leur éditorial de ce dimanche matin, les rédactrices en chef de l’Union, Géraldine Baehr-Pastor et Carole Lardot, estiment que «cette agression n’est pas le fruit du hasard : voiture du journal repérée, appareil photo brisé, c’est bel et bien le journaliste qui était visé. […] Rien ni personne n’entravera notre volonté d’informer, ni notre liberté d’agir, d’écrire, de penser et d’être l’un des garants de notre démocratie. […] Une plainte va être déposée, nous espérons que les auteurs des faits seront rapidement identifiés, interpellés et condamnés».
Elles indiquent également qu’à l’heure où elles ont écrit cet éditorial, «l’état de santé [de Christian Lantenois] est extrêmement préoccupant. Nous lui apportons, ainsi qu’à sa famille, tout notre soutien et notre solidarité. Nos pensées vont également à notre consœur, choquée, qui était aux côtés de Christian quand les secours l’ont pris en charge».
«Inacceptable»
Plusieurs responsables politiques ont fait part de leur émotion. «Aujourd’hui, le seuil de l’inacceptable a été dépassé : un journaliste photographe fidèle observateur de notre ville, a été grièvement blessé parce que faisant son métier. Je souhaite à Christian Lantenois un très bon rétablissement et lui assure de tout mon soutien ainsi qu’à sa famille, ses collègues et confrères», déclare sur Facebook le maire LR de Reims Arnaud Robinet.
La ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, s’est aussi émue d’une «lâche agression» dans un tweet, faisant part de sa «solidarité» avec le photographe et sa rédaction. «Solidarité avec la rédaction de l’Union-l’Ardennais et l’ensemble de la profession. La police nationale est pleinement mobilisée pour identifier et interpeller les auteurs», a tweeté samedi soir le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
L’affaire a fait réagir jusqu’à Emmanuel Macron. «L’Elysée a appelé la rédaction de l’Union pour exprimer son émotion et sa sympathie, et son souhait de voir les auteurs de l’agression interpellés au plus vite», indique ce dimanche midi la présidence de la République.