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Justice

Un maître d’hôtel de Matignon interpellé à Paris avec plus de 50 grammes de cocaïne

La brigade des stupéfiants a été saisie, indique le parquet de Paris. L’homme de 26 ans serait en arrêt maladie depuis plus d’un an et n’aurait jamais croisé le Premier ministre actuel, Michel Barnier.
(Serhii Hryshchyshen/Getty Images)
publié le 8 novembre 2024 à 18h45

Pendant que Bruno Retailleau et Didier Migaud font des annonces pour lutter contre le narcotrafic à Marseille, un employé de l’hôtel de Matignon est en garde à vue pour «cession de cocaïne». Confirmant une information du Parisien, le parquet de Paris indique ce vendredi 8 novembre à Libération que jeudi soir, vers 22 h 45, «les policiers ont interpellé le conducteur d’un scooter pour cession de cocaïne au pied d’un immeuble rue des Petites Ecuries [dans le Xe arrondissement de Paris, ndlr]». L’homme avait sur lui un sachet de 50 grammes de cocaïne et plus de 1 400 euros en liquide. Ce seuil de 50 grammes – soit 3 000 euros à 3 500 euros pour un gramme de cocaïne estimé à 60, 70 euros – a poussé le parquet à saisir la brigade des stupéfiants et l’enquête «se poursuit».

Vincent P., 26 ans, a déclaré aux autorités être employé de l’hôtel de Matignon comme maître d’hôtel. Plus précisément, il serait «serveur à l’office» de Matignon, un service qui organise notamment les repas et les réceptions. Selon le Parisien, le lieu de travail du suspect a rapidement été confirmé, après que les enquêteurs ont saisi son badge d’accréditation à Matignon. Mais l’homme a également précisé «ne plus y travailler depuis près d’un an en raison d’un arrêt maladie», indique le parquet de Paris. D’après nos informations, Vincent P. serait effectivement arrivé à Matignon fin 2022, soit à l’époque où Elisabeth Borne occupait la fonction de Premier ministre. Il se serait mis en arrêt maladie le 16 mars 2023, avant de basculer en congé «grave maladie» depuis le 1er décembre 2023. Un statut réservé aux contractuels de la fonction publique atteints d’une maladie les mettant notamment dans l’impossibilité d’exercer son activité. Ce congé aurait ainsi été renouvelé jusqu’en mai 2025. Son dernier passage à Matignon datant du 18 avril 2024, Vincent P. n’aurait donc jamais croisé le chemin du Premier ministre actuel, Michel Barnier.

Mauvais timing

Contacté, le cabinet du Premier ministre n’a pas souhaité faire de commentaire. Néanmoins, l’affaire fait tache au moment même où le gouvernement communique à outrance pour afficher sa détermination à lutter contre les trafics de stupéfiants. Ce vendredi, le ministre de l’Intérieur et son homologue de la Justice étaient à Marseille pour présenter une batterie de mesures, alors que les faits divers violents en lien avec le narcotrafic se multiplient ces derniers mois, dans la cité phocéenne mais également à Rennes ou à Nice. «Les équipes du parquet de Paris travaillant sur la lutte contre la criminalité organisée au niveau national [seront] ainsi renforcées de 40 %», a notamment annoncé Bruno Retailleau, précisant que cette cellule sera composée «de magistrats et de représentants des autres ministères concernés, Intérieur, Finances notamment, et d’analystes criminels», a-t-il détaillé. Le ministère de la Justice va installer un «magistrat de liaison à Bogota», la Colombie figurant parmi les Etats «sources des trafics», a prolongé Didier Migaud.

Une vaste campagne de communication va en outre bientôt voir le jour afin de «révéler les liens entre l’usage de stupéfiants, les violences des trafiquants et les infractions qui en découlent, a ajouté le garde des Sceaux. Au-delà de l’incarcération, il faut frapper les criminels au portefeuille, en renforçant les possibilités de saisie et de confiscation judiciaire.»