Une plume employée fictivement ? Le Parquet national financier vient de boucler une enquête préliminaire – information dévoilée ce vendredi matin par RTL puis confirmée par l’AFP – visant François Fillon pour détournement de fonds publics. Encore une affaire d’emploi fictif au Parlement français, après celle de son épouse Penelope qui a déjà valu à l’ex-Premier ministre une condamnation à cinq ans de prison dont deux ferme en 2020, et qui sera rejugée en appel en novembre.
Il est ici question de Maël Renouard, qui fut initialement la plume de François Fillon à Matignon avant d’être recruté comme assistant parlementaire entre 2013 et 2015. Avec pour tâche principale, semble-t-il, de rédiger ou participer à la rédaction de Faire, livre programme du candidat Fillon à l’approche des primaires de LR puis de la présidentielle 2017. Avec un certain succès en librairie, quelque 100 000 exemplaires vendus lui rapportant, précise RTL, 250 000 euros en droits d’auteur.
Rémunéré sur fonds publics
Sa plume ou son co-écrivain, peu importe l’appellation, aura lui été rémunéré 1 700 euros par mois (38 000 au total), non pas en rétrocession de droits d’auteur, mais sur fonds publics. Le PNF n’a pas encore décidé de l’issue de son enquête préliminaire, qui aura quand même duré quatre ans, ponctuée par l’audition cette année de François Fillon en personne : non-lieu, citation directe en correctionnelle ou saisine d’un juge d’instruction – au risque de faire traîner le dossier durant des années.
Mais son avocat, Antonin Lévy, a déjà en tête sa ligne de défense : «Participer à l’écriture du livre politique d’un député est bien au cœur d’une activité parlementaire.» Avant de crier à l’acharnement judiciaire, cette deuxième affaire d’emploi fictif fuitant dans les médias à quelques semaines du procès en appel de la première, comme s’il s’agissait de dépeindre un récidiviste. Pour en juger, il faudra en autres évaluer si Maël Renouard n’a fait que participer au livre ou s’il a effectué d’autres tâches classiquement parlementaires.