L’archevêque de Rabat a affirmé ce mardi 4 novembre avoir «coopéré pleinement» avec les autorités marocaines et étrangères au lendemain de la publication, par un média marocain, d’une enquête sur des violences sexuelles qui auraient été commises par un prêtre français à Casablanca sur des mineurs réfugiés.
D’après le site d’information Enass, qui évoque «un système d’exploitation sexuelle» mis en place par le père Antoine Exelmans, envoyé au diocèse de Rabat en 2016, «à l’encontre de migrants et réfugiés mineurs» durant au moins quatre ans, une plainte a été déposée en mai 2024 auprès du parquet de la cour d’appel de Casablanca.
Pédocriminalité
«Dès que les faits ont été portés à notre connaissance, nous avons engagé les démarches prévues par le droit de l’Eglise et coopéré pleinement avec les autorités civiles compétentes, au Maroc comme à l’étranger, en leur transmettant les résultats de notre enquête», a affirmé l’archevêque de Rabat, Mgr Cristobal Lopez Romero, dans un communiqué transmis à l’AFP, dans lequel il réaffirme avoir «pris très au sérieux les signalements reçus».
Enass mentionne le cas d’un demandeur d’asile de 17 ans originaire de Guinée-Conakry qui «serait parmi les six victimes présumées du père Antoine», principalement guinéennes, ainsi qu’un Camerounais. Citant une source non identifiée, le média affirme que le prêtre «entretenait des relations sexuelles régulières avec ce mineur» durant «des mois» avant son retour en France. D’après Enass, trois des six victimes ont été entendues par la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) à Casablanca.
Enquête canonique
Selon le communiqué de l’archevêque, «la seule victime mineure que nous connaissons» a été prise en charge par l’Eglise. Il précise que le prêtre n’est pas en fuite mais «actuellement assigné à résidence […] et a été entendu par la police judiciaire en France». Après enquête canonique – à savoir en interne –, l’Eglise avait décidé d’interdire au prêtre «d’entretenir tout contact avec des personnes mineures» sans la présence d’un autre adulte ainsi qu’un accompagnement «sur le plan psychologique». En juillet 2024, l’archevêque de Rabat avait reconnu avoir été alerté sur le comportement du père Antoine «au service des jeunes migrants», laissant craindre «des abus sur des personnes fragiles».
Fin septembre, un collectif de victimes d’un autre prêtre français, Yves Grosjean – incarcéré en France pour agressions sexuelles aggravées –, a dénoncé dans une lettre ouverte «les silences» des diocèses de Dijon et de Rabat, reprochant aux autorités ecclésiastiques un manque de transparence face aux abus signalés.