Le sénateur Joël Guerriau sera bien jugé au tribunal. Un procès a été ordonné mardi 24 juin à Paris contre l’élu du parti Horizons, selon une source proche du dossier, confirmant une information de l’émission de France 2 Complément d’enquête. Il est soupçonné d’avoir drogué fin 2023 la députée Sandrine Josso afin de commettre un viol.
L’élu de droite, qui a constamment nié avoir agi volontairement, sera jugé pour avoir fait consommer en novembre 2023 à sa collègue du Parlement de la MDMA diluée dans un verre de champagne «afin de commettre un viol ou une agression sexuelle» et pour détention de stupéfiants, selon l’ordonnance.
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Toujours sénateur, Joël Guerriau refuse de démissionner, malgré sa suspension de son groupe parlementaire et de son parti. Dans un courrier de son avocat, dont l’AFP a obtenu une copie ce jeudi 26 juin, l’élue a demandé au président du Sénat, Gérard Larcher, des «éclaircissements» sur les «mesures» envisagées à l’encontre du sénateur.
«Les contradictions de Joël Guerriau»
L’affaire Guerriau a pris une nouvelle dimension, jeudi 19 juin, après la diffusion d’une émission Complément d’enquête sur France 2 : selon le magazine, une femme accuse le sénateur d’avoir «abusé» d’elle après une soirée passée au domicile parisien du sénateur de Loire-Atlantique en mai 2022.
«Joël Guerriau conteste les faits qui lui sont reprochés, ont réagi ses avocats, Henri Carpentier et Marie Roumiantseva. L’enceinte judiciaire sera le lieu de la vérité, loin des caricatures et rumeurs propagées jusqu’à présent. Il ne craint pas la vérité : il la souhaite.»
«Sandrine Josso est soulagée de cette décision qui reflète tout le sérieux de sa plainte», a de son côté commenté l’avocat de la plaignante, Arnaud Godefroy. «Les deux juges d’instruction ont mené cette enquête de façon rigoureuse et ont mis en évidence toutes les contradictions de Joël Guerriau», a-t-il estimé.
Une dose «approchant le double» de la quantité dite récréative
Le 14 novembre 2023, Sandrine Josso, députée Modem de Loire-Atlantique aujourd’hui âgée de 49 ans, s’était rendue au domicile parisien de son «ami politique» – comme elle l’a décrit au cours de l’enquête devant les magistrats – qui célébrait sa réélection.
Seule invitée, elle en était ressortie avec 388 ng/ml d’ecstasy dans le sang, d’après les analyses toxicologiques dont l’AFP a eu connaissance. Une dose «approchant le double» de la quantité dite récréative, avait souligné le parquet. Ces analyses montraient aussi une absence de stupéfiants pendant les sept mois qui ont précédé cette soirée.
L’enjeu du dossier reposait sur l’intention. Et les magistrats ont tranché : si «aucun geste d’intimité ou à caractère sexuel n’a été relaté» au cours de cette soirée, les agissements de Joël Guerriau, décrits par la plaignante, étaient «compatibles avec ceux d’une personne ayant une intention sexuelle».
Mise à jour à 19h34 avec davantage d’informations