«Voilà neuf minutes que j’ai commencé à plaider, c’est le temps qu’il faut pour que trois enfants soient victimes de violences sexuelles.» En robe noire derrière son pupitre, Shahrazade Sabil, 25 ans, élève avocate au Barreau de Paris parle d’une voix claire, mais ferme. Sous la lumière crue de l’auditorium de la Maison du Barreau à Paris, l’Etat a été condamné ce jeudi 30 janvier pour manquement dans la lutte contre les violences sexuelles sur mineurs. Une affaire hors norme bien que fictive, qui a vu se succéder à la barre douze orateurs et oratrices de 17 à 26 ans, bluffants de crédibilité dans leurs joutes d’éloquence. Aux côtés de quatre membres de l’association de lutte contre les violences faites aux enfants Caméléon, de comédiens et d’élèves avocates, les débats ont été tenus par des membres de l’association Trouve ta voix, qui promeut l’égalité des chances en formant des jeunes à la prise de parole en public. Derrière la dimension théâtrale, ce «procès du déni» est avant tout un moyen de sensibiliser.
«Ce procès fictif, c’est celui d’une société», introduit, grave, Eglantine Cami, responsable du plaidoyer de Caméléon, qui assignait ce soir-là l’Etat en justice. Une société qui ne saurait voir les violences sexuelles commises sur les