Aux alentours de minuit, dans les ruelles désertées de Clessé deux adolescents ont pris l’habitude de se retrouver en secret. Ils ont 14 ans, sont scolarisés au collège de Lugny, une commune voisine. Ils ont un temps été en couple avant de se séparer, et recommencent depuis quelque temps à se fréquenter. Mais mercredi soir, avant leur rendez-vous clandestin, le jeune garçon a glissé un couteau dans sa manche. Le corps de son amie a été retrouvé au petit matin, vers 6 heures 40, derrière le bâtiment de l’école primaire.
Elle a été poignardée une dizaine de fois, sur le haut du torse, le visage, les épaules. Son nez est brisé. La lame est restée plantée dans sa gorge. «Ses premières déclarations confirment qu’il a commis les faits d’homicide volontaire», a rapporté jeudi soir le procureur de la République de Mâcon, Eric Jallet. L’adolescent est en garde à vue depuis jeudi matin et a été entendu à 15 heures. Face aux enquêteurs, il a reconnu son geste et son anticipation. Il dit avoir d’abord échangé quelques instants avec elle, avant de lui avoir asséné trois coups, puis de l’avoir étranglée alors qu’elle tentait de fuir. L’enquête est ouverte pour «assassinat».
«Entraîné au maniement du couteau»
Un communiqué ultérieur du procureur rendu public vendredi précise que le jeune garçon a affirmé s’être «entraîné au maniement du couteau». De nouvelles auditions ont mis «en évidence une volonté de tuer. Il pensait que son acte pouvait être facilité par le fait que la victime l’aimait». Examiné par un expert psychiatre, ce dernier a conclu a «une altération du discernement, sans abolition, le rendant accessible à ce stade à une sanction pénale».
Vendredi, le procureur de la République de Chalon-sur-Saône décide l’ouverture d’«une information judiciaire pour homicide volontaire avec préméditaion ou guet-apens (assassinat)». L’adolescent a été mis en examen et placé sous mandat de dépôt.
A Clessé, où l’école primaire est restée fermée, une trentaine de militaires de la gendarmerie et une quinzaine d’enquêteurs de la section de recherches ont été dépêchés jeudi. Le mis en cause n’a pas d’antécédent judiciaire mais a lui-même subi des violences de la part de son père. Plusieurs amis ont d’ores et déjà été auditionnés. Certains ont rapporté avoir été témoins de «paroles inquiétantes» du garçon, qui aurait plusieurs fois évoqué «sa volonté de tuer quelqu’un», en l’occurrence, «sa petite amie». Ces mots inquiètent sans être vraiment pris au sérieux. Comment imaginer un passage à l’acte ?
«Ce qui est arrivé est totalement incompréhensible», s’est ému le recteur de l’Académie de Dijon, Pierre N’Gahanne, au micro de BFMTV, ajoutant qu’«aucun signalement de harcèlement» n’avait été fait dans l’établissement scolaire de la victime. «C’était une enfant sans problème qui travaillait bien», a-t-il insisté. Au collège de Lugny, une cellule psychologique a été mise en place.
Mise à jour à 19 h 44 avec les déclarations du procureur.
Mise à jour le 10/06 à 18h54 avec la mise en examen de l’auteur des faits.