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«Une affaire invraisemblable» : le détenu libéré par erreur fin avril à Bordeaux interpellé et renvoyé en prison

L’homme d’une vingtaine d’années a été arrêté le 3 septembre en périphérie de Bordeaux (Gironde) après une cavale en Espagne. Il avait été «libéré en lieu et place d’un individu dont le nom était très proche», indiquait à l’époque le parquet.

Un surveillant pénitentiaire à la prison de Bordeaux-Gradignan, à Gradignan, dans la banlieue de Bordeaux, le 11 décembre 2023. (Christophe Archambault/AFP)
Publié le 15/09/2025 à 14h24

Une sortie de prison pour le moins cocasse, quatre mois de liberté, un détour de l’autre côté des Pyrénées… pour finir par être rattrapé par la police à une vingtaine de kilomètres de son ancienne cellule. Un homme de 25 ans, libéré par erreur en avril de la maison d’arrêt de Bordeaux Gradignan, a été interpellé le 3 septembre dans un appart’hotel à Saint-Jean-d’Illac (Gironde), a appris Libération ce lundi 15 septembre, confirmant une information d’Ici Gironde (ex-France Bleu). Il a été renvoyé en détention au même endroit.

Une source au sein du centre pénitentiaire explique à Libé que le détenu a été écroué au lendemain de son interpellation, sans que des mesures particulières ne soient prises à son encontre. «Décontracté», «poli» et «pas stressé» depuis son retour, «il dit en plaisantant à des codétenus qu’il a passé des vacances à Malaga», détaille cette source. D’après nos confrères d’Ici Gironde, le jeune homme était parti en cavale en Espagne, avant de revenir dans la région bordelaise, où il a été arrêté. Un mandat de recherche et un mandat d’arrêt européen avaient été émis pour le retrouver. Contacté, l’avocat du détenu, Me Georges Parastatis, «ne souhaite pas faire de déclarations pour le moment».

Le parquet de Bordeaux précise que le jeune homme n’est pas poursuivi pour évasion : «il n’est pas possible de démontrer qu’il a eu un rôle actif dans cette libération». «Sa seule passivité face aux erreurs de l’administration pénitentiaire ne suffit pas à caractériser l’infraction d’évasion», détaille le procureur de la république Renaud Gaudeul à nos confrères. En avril, le parquet indiquait que l’individu avait été «indûment libéré par le centre pénitentiaire de Bordeaux Gradignan, en lieu et place d’un individu dont le nom était très proche».

Condamné en novembre à dix ans de prison

Le détenu purge une peine de dix ans d’emprisonnement pour des faits de vol avec violences ayant entraîné la mort – un coup de feu accidentel dans une affaire de trafic de cocaïne datant de 2019, selon le quotidien bordelais Sud Ouest -. Condamné en novembre dernier, il est libérable en 2035.

Sa libération accidentelle en avril est «une grave défaillance», souffle une source pénitentiaire à Libé, évoquant «une affaire invraisemblable» et des «mesures de contrôle qui n’ont pas été faites». D’après cette source, le détenu avait lui même fait part de son étonnement lors de l’extraction de sa cellule, lorsque son nom et ses affaires ont été confondus avec celui d’un codétenu au patronyme presque similaire.

«On n’en a pas retiré plus de leçon, ce qui s’est passé pourrait se reproduire», tance notre source. Si une enquête administrative avait été lancée à la suite de ce «cas assez inédit» de libération impromptue - selon les mots de l’administration pénitentiaire -, ses conclusions ne sont pour l’heure pas connues. Selon les statistiques du ministère de la Justice, au 1er août 2025, le centre pénitentiaire de Bordeaux Gradignan accueillait 1 071 détenus, soit un taux d’occupation de 194,4 %.