Le parquet de Créteil a annoncé l’ouverture d’une enquête contre Vincent Jeanbrun pour prise illégale d’intérêts et recel de prise illégale d’intérêts, confirmant des informations de Mediapart. Le député Les Républicains, aussi maire de L’Haÿ-les-Roses dans le Val-de-Marne, est soupçonné d’avoir attribué des logements à deux de ses collaborateurs, son directeur de cabinet et son chef de cabinet à la mairie. Confiée à la Brigade de répression de la délinquance économique, cette enquête fait suite à un signalement effectué par l’association de lutte contre la corruption Anticor, déposé mi-juillet.
Propriété du syndicat intercommunal des cimetières de sa ville, ces deux maisons de 150 m² auraient dû être réservées à l’un de leur membre. Mais les deux collaborateurs du député ont pu en bénéficier pour un loyer de 700 euros par mois, soit «cinq fois en deçà du prix du marché». Président du syndicat de 2014 à 2020, le porte-parole du groupe de la Droite républicaine à l’Assemblée nationale, aurait donc profité de sa position pour attribuer ces deux pavillons. «C’est susceptible de caractériser un détournement de fonds publics», dénonce l’association, qui pointe aussi du doigt le règlement des factures d’électricité des deux hommes par la mairie, pour un montant de 45 000 euros. De son côté, Vincent Jeanbrun évoque «une pratique déjà en œuvre au sein du syndicat avant son arrivée à la mairie» et affirme être «habilité par le conseil syndical à signer des baux commerciaux et locatifs pour le patrimoine immobilier du syndicat».
«Favoritisme»
Ce n’est pas la première fois que l’élu est confronté à Anticor. L’association avait déjà porté plainte contre lui en 2021 et en 2022 pour favoritisme, détournement de biens publics, prise illégale d’intérêts et trafic d’influence. Une plainte qui n’a pas été sans conséquence puisqu’une enquête préliminaire pour favoritisme avait été ouverte en septembre 2021 par le Parquet national financier. Anticor lui reprochait notamment ses liens étroits avec les dirigeants de l’aménageur SEM92, devenus Citallios, qu’il aurait favorisé dans des projets d’aménagements d’Haÿ-les-Roses.
Reportage
L’organisme, qui bénéficie d’un agrément de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, reprochait aussi la vente de terrains «au profit de Citallios à des prix inférieurs à ceux du marché» et l’attribution d’une subvention de quatre millions d’euros allouée par la Région Ile-de-France, qui aurait dû être déduite des aides communales, ce qui n’aurait pas été le cas.
Le député qui a succédé à l’élue de La France insoumise Rachel Keke, avait acquis une notoriété nationale à l’été 2023, alors que la France est secouée par les émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel, tué par un tir de policier. Son domicile avait été la cible d’une attaque à la voiture-bélier lors de laquelle sa femme, présente, avait été blessée en prenant la fuite avec leurs deux jeunes enfants.