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Justice

Une femme accuse Gabriel Matzneff de l’avoir violée de ses 4 à 13 ans et veut être entendue par la justice

Une femme d’une cinquantaine d’années accuse l’écrivain de l’avoir violée de ses 4 à 13 ans. Selon ses avocats, elle a également été témoin «d’exactions sexuelles, de viols, commis par Gabriel Matzneff et d’autres sur trois enfants» dont la prescription n’est pas encore établie.
Une enquête pour viols sur mineur vise déjà à Paris Gabriel Matzneff : le parquet l’avait ouverte en janvier 2020 après la publication du livre Le Consentement de Vanessa Springora qui y décrit une relation sous emprise alors qu’elle avait 14 ans. (Axelle de Russe/Abaca)
publié le 23 novembre 2023 à 15h22

Elle était la fille adoptive d’amis de Gabriel Matzneff. Une femme d’une cinquantaine d’années accuse l’écrivain de l’avoir violée de ses 4 à 13 ans et a demandé en octobre au parquet de Paris de l’auditionner. Bérénice (nom d’emprunt) dénonce des viols commis à Paris, dans un contexte de «cercles mondains et d’influence, au sein desquels quelques-uns de leurs membres partageaient une certaine idée de la pédophilie voire même en partageaient une certaine pratique», accuse un courrier des avocats de la plaignante, Mes Rodolphe Costantino et Marie Grimaud.

Si ces faits sont a priori prescrits, Bérénice a aussi été «le témoin oculaire d’exactions sexuelles, de viols, commis par Gabriel Matzneff et d’autres sur trois enfants, eux aussi adoptés, par des familles du même milieu» et dont la prescription n’est pas encore établie, affirme à l’AFP Me Costantino.

Les deux avocats ont écrit au parquet le 10 octobre pour transmettre les éléments qu’ils avaient recueillis en 18 mois, courrier que l’AFP a pu consulter jeudi 23 novembre. Ils demandent «l’audition-plainte» de leur cliente afin qu’elle soit entendue, porte plainte et fournisse à la justice de nouveaux éléments la concernant. A ce jour, «le parquet n’a pas répondu», déplore Me Rodolphe Costantino.

Une enquête pour viols sur mineur vise déjà à Paris Gabriel Matzneff : le parquet l’avait ouverte en janvier 2020 après la publication du livre Le Consentement de Vanessa Springora qui y décrit une relation sous emprise alors qu’elle avait 14 ans. Selon Me Grimaud, interrogée par le Parisien, la sortie récente de l’adaptation au cinéma du livre de Vanessa Springora a été un «élément déclencheur pour ma cliente, qui a suscité énormément de colère chez elle».

Selon ce courrier, révélé par RMC, Bérénice a pu, depuis l’installation de ses parents adoptifs en Ehpad en septembre 2020, retrouver de nombreux documents «dissimulés» à leur domicile : correspondances entre le père adoptif et Gabriel Matzneff, agendas personnels et professionnels… «Leur «découverte […] l’a autorisée à mettre en mots des souvenirs et des vécus traumatiques jusque-là silencieusement bruyants», expliquent ses avocats.

Bérénice a aussi pu alors engager «un dialogue avec son père adoptif», décédé depuis. Dans leurs échanges enregistrés, son père «témoigne et confesse de faits dont lui-même et certains de ses amis, dont Gabriel Matzneff, ont été les auteurs», affirme le courrier.

Ces faits auraient été commis au domicile familial - l’ancien hôtel particulier de la Princesse de Salm - où Gabriel Matzneff était «très régulièrement reçu», dans un appartement rue de Varenne et dans une chambre de l’hôtel Pont Royal, dans le VIIe arrondissement.

Si les faits reprochés sont a priori prescrits, Bérénice a aussi été «le témoin oculaire d’exactions sexuelles, de viols, commis par Gabriel Matzneff et d’autres sur trois enfants, eux aussi adoptés, par des familles du même milieu» et dont la prescription n’est pas encore établie, affirme à l’AFP Me Costantino.

Bérénice s’inquiète également que des enfants puissent encore être «en contact» avec Gabriel Matzneff, notamment un mineur de moins de quinze ans, dont le père est proche de l’écrivain. Contacté, l’avocat de l’écrivain n’était pas joignable dans l’immédiat.