Une jeune femme d’une trentaine d’années de confession juive a été victime samedi 4 novembre d’une agression à l’arme blanche dans le centre de Lyon et une croix gammée a été découverte gravée non loin de la porte de son domicile, selon des sources policières.
Le parquet a ouvert une enquête pour tentative de meurtre «aggravée par la circonstance que le passage à l’acte pourrait être motivé par un mobile antisémite». Selon une source proche de l’enquête citée dimanche par le Monde, «il est trop tôt pour attribuer cette agression à un acte antisémite, d’autres pistes sont étudiées » réclamant «la plus grande prudence» dans le contexte d’une montée des tensions en France en raison de la guerre entre Israël et le Hamas.
Les jours de la jeune femme ne sont pas en danger et le parquet a fait savoir qu’aucune interpellation n’avait eu lieu.
«Cette agression abominable suscite de très vives inquiétudes au sein de la communauté juive», a réagi le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Auvergne Rhône-Alpes, qui dit condamner «fermement l’agression». «Toutefois, en l’état des investigations en cours, le président du CRIF ARA, Richard Zelmati, en appelle tant à la raison qu’à la prudence, souligne-t-il. Il reviendra à la justice de qualifier les infractions et leur caractère antisémite».
A Libération, Richard Zelmati dit sa crainte que cette agression «cristallise une inquiétude à son comble au sein de la communauté juive de la région». «Les gens modifient leur comportement en enlevant leur kippa dans la rue, en décrochant la mezouza de leur porte, en enlevant leur nom de la boîte aux lettres», illustre-t-il, insistant sur l’angoisse à la veille de la rentrée scolaire. «Les Français de confession juive demandent à la République d’assurer leur protection.»
Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, publiés le 1er novembre, on a recensé au 31 octobre, «857 actes antisémites» en France, soit presque le double de l’année 2022. Mardi, après la découverte de tags représentant l’étoile de David de couleur bleue sur des murs du XIVe arrondissement, Elisabeth Borne a condamné «avec la plus grande fermeté» ces «agissements ignobles».
La famille a pris un avocat
L’exécutif «ne laissera rien passer» face à la montée de l’antisémitisme, a-t-elle martelé lors de la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. Depuis le 7 octobre, selon le décompte de la Première ministre, «plus de 850 incidents ont eu lieu et près de 6 000 signalements en ligne ont été réalisés». Cela a débouché sur «plus de 430 interpellations et plus de 230 enquêtes en cours».
Une femme de confession juive a été poignardée ce samedi. Une inscription antisémite a été retrouvée sur la porte de son domicile.
— Grégory Doucet (@Gregorydoucet) November 4, 2023
Un tel déferlement de violence est inqualifiable. Tout mon soutien à la victime, à ses proches.
A Lyon, la jeune femme a raconté avoir été gressée après avoir ouvert la porte de son domicile au septième étage de son immeuble dans le 3e arrondissement. Elle a été touchée à deux reprises au niveau de l’abdomen. Selon une source policière, il y avait une mézouza sur la porte de la victime, un petit boîtier contenant des textes bibliques dans la religion juive.
Sur BFMTV, l’avocat de la victime, Me Stéphane Draï, a annoncé le député d’une plainte pour tentative de meurtre. Pour lui, le caractère antisémite ne fait aucun doute. «En ouvrant la porte, on ne savait pas, à ce jour en France, qu’on pouvait être victime d’une attaque antisémite, qui pouvait s’apparenter à une tentative de meurtre», a-t-il déclaré.
Mise à jour dimanche 5 novembre avec précisions du parquet et déclarations du Crif.