Le parquet de Pontoise a ouvert une information judiciaire vendredi après la dénonciation de violences commises par des policiers sur un adolescent de 17 ans la nuit du 14 juillet, a-t-il annoncé dans un communiqué de presse. «A Garges-lès-Gonesse, le 14 juillet vers 23 heures, un mineur de 17 ans faisait appel à ses proches et à des pompiers en présentant des blessures au visage qu’il imputait à des fonctionnaires de police en affirmant avoir été monté de force dans un véhicule après une course-poursuite à pied, puis avoir subi des coups avant d’être relâché», détaille le procureur Guirec Le Bras, qui avait ouvert une enquête sur ces faits dès mercredi. Quatre policiers, composant l’équipage du véhicule suspecté, ont été placés en garde à vue jeudi, puis présentés à la justice vendredi. Le ministère public a requis leur placement sous contrôle judiciaire. Le parquet a également demandé «une mesure d’interdiction d’exercice professionnel».
«Lui, on va le niquer»
Jeudi, Libération rapportait l’histoire d’Aly, adolescent du Val-d’Oise violemment pris à partie puis passé à tabac alors qu’il était sorti faire une course le soir du 14 juillet. Sur Facebook, sa sœur raconte : «En marchant avec son téléphone dans la main, il tombe sur un véhicule de police nationale qui avait clairement l’intention d’en finir avec lui. En le voyant, ils ont fait une marche arrière et ont prononcé les mots suivants : “Lui, on va le niquer.”» A ces mots, Aly tente de prendre la fuite, mais ils le rattrapent et le jettent dans le véhicule où il est, toujours selon sa soeur, roué de coups, puis «jeté en pleine forêt en pleine nuit».
Une vidéo relayée sur les réseaux sociaux montre le garçon assis sur un banc, l’arcade sourcilière et la lèvre en sang. Après examen de l’adolescent, le médecin de l’unité médico-judiciaire de Pontoise-Gonesse a établi son incapacité totale de travail à trois jours, selon les précisions apportées vendredi par le ministère public.
«L’exemplarité n’est pas négociable»
Les infractions de violences par personne dépositaire de l’autorité publique en réunion et de faux, dont ces agents sont suspectés, sont punies de peines pouvant s’élever à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende, indique le procureur tout en rappelant le principe de présomption d’innocence.
En fin d’après-midi vendredi, le ministre de l’Intérieur a réagi, via son compte X, en qualifiant de «graves» les accusations portées contre les policiers. «La justice devra faire toute la lumière sur ce qui s’est passé. L’exemplarité des forces de l’ordre n’est pas négociable», a commenté Bruno Retailleau. Les policiers mis en cause contestent les accusations de violences, a indiqué à l’AFP leur conseil, Me Inès Davau.