Près d’un mois après celle de Rouen, une autre soirée «les étrangers dehors» fait heureusement pschitt. Les organisateurs de l’événement haineux, qui devait avoir lieu samedi à Dijon (Côte-d’Or), ont annoncé ce jeudi 18 juillet qu’il était annulé, barrant d’un bandeau rouge l’affiche «White Boy Summer : Ausländer raus».

La mairie de Dijon, dirigée par l’ex-socialiste François Rebsamen, avait interdit la tenue de la soirée, la mention «Ausländer raus» constituant «un slogan clairement xénophobe». L’événement «n’a pas sa place dans notre ville. Le racisme et la xénophobie ne sont pas des opinions mais des délits», avait déclaré mardi le maire de Dijon François Rebsamen, ancien ministre de François Hollande. La préfecture de la Côte-d’Or avait également pris un arrêté, dénonçant une «provocation à la haine et à la discrimination».

L’organisation de cette soirée avait largement fait réagir en début de semaine. La Ligue des droits de l’homme avait annoncé lundi son intention de porter plainte pour «incitation à la haine raciale» contre cet événement qu’elle considère être «ouvertement raciste». L’organisation syndicale Solidaires Côte-d’Or 21 avait également dénoncé une «odieuse soirée».

Dans plusieurs messages visibles sur les réseaux sociaux du mouvement Helix-Dijon ce jeudi, l’association identitaire apporte un «droit de réponse aux antifuns», dénonçant une mairie dijonnaise «aux ordres des antifascistes». Il assure que le slogan «Ausländer raus», déjà utilisé en juin à Rouen est «utilisé par l’ensemble de la jeunesse française et européenne pour crier son désir de mettre un terme à l’insécurité grandissante». Helix-Dijon qui, sur sa page Facebook, dit posséder «trois axes : Communauté, Autonomie, Identité», estime que ses «idées sont largement plébiscitées dans la population».

Ce slogan est devenu viral après avoir été détourné par des jeunes qui le chantent sur l’air techno de «L’Amour toujours» du DJ Gigi D’Agostino. Fin juin, le maire socialiste de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, avait signé un arrêté municipal pour interdire une soirée ayant le même intitulé. Mais l’association organisatrice de la soirée avait, dans la foulée, déposé un référé liberté auprès du tribunal administratif de Rouen pour demander la suspension de l’arrêté municipal et avait obtenu gain de cause.

«Le trouble à l’ordre public résultant d’une atteinte» à la dignité humaine qui aurait permis au maire de Rouen d’interdire la soirée «n’est pas caractérisé dans les circonstances», écrivait le juge des référés dans son ordonnance. Selon lui, il n’a pas été établi à ce stade que «le slogan Ausländer Raus ayant donné son titre à la soirée organisée le 28 juin par l’association Union normande de France provienne, même de façon probable, de la propagande ou de chants diffusés pendant le régime national-socialiste [nazi, ndlr].»

Les organisateurs de la soirée avaient toutefois fini par renoncer à organiser l’évènement, «pour tenir compte d’une certaine émotion résultant du caractère provocateur de l’intitulé de la soirée, intitulé susceptible de prêter aux membres de l’association des sentiments ou des intentions qui ne sont pas les leurs, quand cette soirée n’avait d’autre but que d’engager un débat sur l’immigration en France».