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Libération
Veillée funèbre

Corse: nuit calme après la mort d’Yvan Colonna, Gabriel Attal promet que «toute la lumière sera faite»

Alors que de vives tensions avaient suivi l’agression du nationaliste début mars, l’annonce de son décès lundi soir a donné lieu à des rassemblements limités et sans violence sur l’île. Le porte-parole du gouvernement admet un «dysfonctionnement très grave».
Des manifestants autour d'un portrait d'Yvan Colonna, à Bastia, le 13 mars. (Pascal Pochard-Casabianca/AFP)
publié le 22 mars 2022 à 7h45
(mis à jour le 22 mars 2022 à 8h31)

On pouvait craindre un nouvel embrasement. L’annonce du décès d’Yvan Colonna, figure noire de la lutte armée corse, n’a finalement pas bouleversé le calme sur l’île lundi soir. A Bastia, seules quelques dizaines de personnes se sont réunies devant les grilles du palais de justice où elles ont accroché deux banderoles frappées du slogan «Statu francese assassinu» («Etat français assassin»). Un autre rassemblement silencieux a eu lieu à Ajaccio, devant la cathédrale.

Le seul message de colère est venu de l’association de défense des prisonniers politiques corses, Sulidarita, qui, via sa secrétaire générale, a twitté : «Malheur à cet Etat français assassin». «Yvan Colonna, patriote corse, bien vivant pour l’éternité ! Nous serons toujours à tes côtés», a pour sa part réagi sur Twitter, en langue corse, le parti Femu a Corsica de Gilles Simeoni, le président autonomiste du conseil exécutif de l’île.

Ce mardi matin, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal appelle «au calme» et «au dialogue» sur l’île. Dans une interview sur Europe1, il assure également que «toute la lumière sera faite» sur l’agression de Colonna. «Manifestement, il y a eu un dysfonctionnement très grave», affirme Attal, soulignant qu’une inspection avait été diligentée par le Premier ministre.

Explosion de colère

Yvan Colonna, 61 ans, à qui la justice avait accordé une suspension de peine «pour motif médical» jeudi, se trouvait entre la vie et la mort depuis sa violente agression début mars à la maison centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône), où il purgeait sa peine pour la participation à l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998 à Ajaccio. Il avait été très grièvement blessé par un codétenu radicalisé, un Camerounais de 36 ans présenté comme un «jihadiste» qui s’était acharné sur lui dans la salle de sport de la prison.

Cette agression avait provoqué une explosion de colère en Corse, avec des manifestations parfois violentes à travers toute l’île, et ce pendant près de deux semaines, derrière ce mot d’ordre largement partagé d’«Etat français assassin». Des tensions qui avaient culminé en émeutes le 13 mars à Bastia, où une manifestation avait fait 102 blessés, dont 77 du côté des forces de l’ordre.

Une colère notamment motivée par la longueur de l’agression d’Yvan Colonna, près de huit minutes, sous le regard d’une caméra de surveillance, sans qu’aucun surveillant n’intervienne. C’est l’agresseur lui-même qui avait finalement alerté les gardiens.

A lire, notre interview de Thierry Dominici, chercheur qui a travaillé sur les nationalismes sur l’île

Quelques jours avant les émeutes de Bastia, après avoir fait la même démarche pour Yvan Colonna, le Premier ministre Jean Castex avait levé, dans un soucis d’apaisement, le statut de «détenu particulièrement signalé» (DPS) d’Alain Ferrandi et Pierre Alessandri, les deux autres membres du «commando Erignac» condamnés à perpétuité.

Le calme est finalement revenu en Corse la semaine passée avec une visite de trois jours du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, lors de laquelle il a promis des discussions avec les élus corses et les forces vives de l’île qui pourraient mener à une éventuelle autonomie pour la collectivité. Ces négociations commenceront en avril et devront être conclues fin 2022.

Mise à jour : à 8 h 30, avec les déclarations de Gabriel Attal.