Menu
Libération
Tromperie

Diplôme de Sébastien Lecornu : le Premier ministre porte plainte contre un syndicat pour dénonciation calomnieuse

Le Syndicat national des agents publics de l’Education nationale (Snapen) a déposé plainte devant la Cour de justice de la République contre le Premier ministre. Contrairement à ce qu’il affirmait, Sébastien Lecornu n’a jamais validé sa deuxième année de master.

Sébastien Lecornu à Paris, le 10 septembre 2025. (Christophe Ena/AP)
Publié le 29/09/2025 à 13h16, mis à jour le 29/09/2025 à 14h54

Un manque de transparence manifeste. Le Syndicat national des agents publics de l’Education nationale (Snapen) a déposé plainte contre le Premier ministre Sébastien Lecornu, l’accusant d’avoir fait croire qu’il détenait un master de droit public sans avoir validé sa deuxième année de diplôme. La plainte a été adressée à la commission des requêtes de la Cour de justice de la République, a annoncé ce lundi 29 septembre l’avocat du syndicat, Me Vincent Brengarth.

Le chef du gouvernement a contre-attaqué dans la journée, portant plainte à son tour pour dénonciation calomnieuse. Contestant «vigoureusement l’accusation dont il fait l’objet», le Premier ministre déplore par ailleurs «cette polémique artificielle», a fait savoir son entourage auprès de l’AFP.

Mi-septembre, Mediapart a révélé que Sébastien Lecornu n’avait pas le diplôme de master, qui s’obtient en deux ans, contrairement à ce qu’affirmaient des portraits publiés depuis 2016, sa page sur le site du ministère des Armées lorsqu’il était encore à ce poste, sa page sur le réseau social LinkedIn ou encore sa présentation lors d’une conférence universitaire.

Interrogé sur le sujet vendredi dans le Parisien, le Premier ministre a répondu qu’il avait «validé [sa] maîtrise en droit, donc un master 1» à l’Université Panthéon-Assas. «J’ai ressenti dans cette fausse polémique une forme de mépris social», a-t-il contre-attaqué, alors.

«La Banque de France ne laisse pas passer l’édition de faux billets»

Dans la plainte, que l’AFP a pu consulter, le syndicat ne semble pourtant pas faire preuve de mépris social. «Aucun diplôme n’est requis pour être membre d’un gouvernement et le fait de ne pas avoir obtenu de master 2 n’est pas un signe d’incompétence», souligne ainsi l’avocat du syndicat, Me Vincent Brengarth. Ce qui le Snapen reproche au ministre est d’avoir voulu «faire croire [qu’il] était titulaire d’un master de droit public» et «utilisait en connaissance de cause un diplôme dont il n’était pas titulaire»

«L’absence de transparence sur le niveau d’études acquis, par un ministre d’Etat, est de nature à porter atteinte à la crédibilité de la certification par les universités publiques françaises, à l’égalité républicaine, à l’honneur des enseignants-chercheurs et, plus généralement, à la mission de service public confiée aux établissements d’enseignement supérieur», ajoute le conseil.

Contacté par l’AFP, Gérard Lenfant, le président du Snapen fait lui «le parallèle entre la Banque de France et les faux-monnayeurs. La Banque de France ne laisse pas passer l’édition de faux billets. Nous, en tant que corporation de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur, on ne peut pas laisser passer l’impression de faux diplômes. Demain, c’est la porte ouverte à toutes les utilisations frauduleuses», souligne-t-il.

Sur son site officiel, Sébastien Lecornu mentionne aujourd’hui simplement des «études de droit à l’université Paris 2 Panthéon Assas», sans précision. Sur LinkedIn, à la rubrique formation, il indique «Master, droit public général, 2005-2008», à Panthéon-Assas Université.

Mise à jour à 14h50 avec la plainte du Premier ministre.