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Libération
Violences

Une rixe liée à une rivalité entre quartiers a éclaté en plein tribunal à Bordeaux

Une violente bagarre a éclaté lundi 12 mai, en fin de journée, dans l’enceinte de la cour d’assises de la Gironde lors du procès de trois jeunes hommes, jugés pour la mort d’un adolescent de 16 ans, sur fond de rivalités entre quartiers.

Le tribunal judiciaire de Bordeaux, le 19 mai 2023. (Lahcène Abid/Divergences)
Publié le 13/05/2025 à 10h50

La cour d’assises de Gironde a été secouée, au soir du lundi 12 mai, par un violent affrontement. Une bagarre a éclaté alors que se tenait le procès de huit suspects, dont trois sont accusés de meurtre en bande organisée. Ils sont jugés pour la mort de Lionel, 16 ans, mortellement blessé lors d’une fusillade, sur fond de rivalités entre les quartiers bordelais des Aubiers et de Saint-Louis Chantecrit. Une haine réciproque qui a éclaté au grand jour dans le tribunal.

«A l’issue de la première journée d’audience, des incidents graves ont eu lieu dans la salle d’audience et la salle des pas perdus de la cour d’appel, entraînant en particulier des blessures sur les fonctionnaires de police intervenus pour ramener l’ordre», a écrit la cour d’appel dans un communiqué. Quelques minutes avant que la situation dégénère, la présidente de la cour d’assises avait déjà rappelé à l’ordre certains membres du public ayant tenté d’échanger des signes avec les accusés.

«Fumez les petits»

Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de la rixe, toujours selon le communiqué. «L’atmosphère était étonnamment calme toute la journée. Puis en fin d’audience, on a vu arriver au compte-goutte une vingtaine de jeunes habillés de noir, avec des gabarits de Malabar, qui se sont assis sur un banc au fond de la salle», a décrit Me Yann Herrera, qui défend les proches de Lionel Sess. Alors que la salle se vidait, «des dizaines de personnes ont commencé à se battre, dont certaines portaient des gants coqués, dans un sas entre la salle d’audience et la salle des pas perdus, puis dans la salle d’audience elle-même», a détaillé l’avocat.

«Une horde d’une vingtaine de personnes se sont notamment ruées sur mon client, qui a été blessé à l’épaule», a raconté à son tour Me Grégoire Mouly, qui défendait, lui, un des accusés qui comparaissait libre. «De ma vie d’avocat, je n’ai jamais vu un tel déferlement de violence dans une salle d’audience», a pointé ce dernier. La cour d’appel de Bordeaux, ville où une brigade de policiers municipaux armés doit bientôt voir le jour, a indiqué après l’incident que l’audience prévue jusqu’au 23 mai «se [poursuivrait] jusqu’à son terme sous surveillance renforcée».

Elle doit se pencher sur le meurtre survenu le samedi 2 janvier 2021, peu après 22 heures, au pied d’un immeuble du quartier des Aubiers, dans le nord de Bordeaux. Lionel y vendait des pâtisseries pour partir au ski, lorsque des tireurs ont ouvert le feu au fusil automatique au pied de son immeuble. «Vous voulez la guerre ? Vous l’aurez», avait lancé l’un d’eux, d’après des témoins. Un homme cagoulé avait ensuite poursuivi plusieurs adolescents en fuite, sous les cris de «fumez les petits», ont raconté victimes et riverains aux enquêteurs. Trois mineurs, âgés de 13 à 16 ans, s’étaient alors réfugiés, grièvement blessés, dans les bâtiments alentour. Lionel était lui resté inanimé au sol, touché par deux balles dont une dans le thorax.