Une décennie après l’accord de Paris et au sortir d’une canicule inédite, les autorités françaises sont accusées d’entraver l’action des défenseurs de l’environnement, dans un rapport publié par Amnesty International ce jeudi 3 juillet. Le texte décrit une série de restrictions juridiques, physiques et financières visant les militants écologistes en France. L’organisation de défense des droits humains y voit une «stratégie délibérée», qui «s’inscrit dans une vague mondiale de répression et de recul des engagements climatiques pris par les États».
«Il est inquiétant de voir que la France, qui avait été moteur il y a dix ans dans la lutte pour le climat, est aujourd’hui un exemple probant de la répression des défenseurs de l’environnement», alerte Margot Jaymond, chargée de plaidoyer justice climatique chez Amnesty International France. L’ONG dénonce «un système» destiné à paralyser l’action des militants pro-climat en s’attaquant de «manière ciblée et intentionnelle» à la liberté de manifester, d’expression et d’association.
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Amnesty illustre notamment ses conclusions à travers la répression des mobilisations contre les méga-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), en 2022 et 2023, lors desquelles les forces de l’ordre ont utilisé des armes à létalité réduite (lanceurs de balles de défense) de façon jugée «disproportionnée».
L’ONG dénonce aussi des centaines de gardes à vue et une soixantaine de procès à la suite des mobilisations contre le projet d’autoroute A69 dans le Tarn.
«Ecoterroristes»
Ces violences s’accompagnent d’«un arsenal législatif» qui «criminalise» les manifestants, affirme le rapport, citant notamment la loi dite «anti-casseurs» de 2019, ou encore la loi de 2021 «confortant le respect des principes de la République» dite «loi séparatisme», qui facilite la dissolution d’associations ou le retrait de financements. Parmi les cas mentionnés figurent le mouvement Alternatiba, privé de subventions publiques, et le collectif Les Soulèvements de la Terre, visé en 2023 par une tentative de dissolution jugée contraire au droit international.
Amnesty alerte également sur une «rhétorique stigmatisante» à l’égard des activistes écologistes, qualifiés parfois d’«écoterroristes» par certains responsables politiques, ainsi qu’un affaiblissement du traitement médiatique du climat, au détriment du droit à l’information. L’ONG appelle les autorités françaises à «prendre urgemment» des mesures pour protéger les droits des défenseurs de l’environnement et à «reconnaître publiquement» leur travail comme «légitime et essentiel».