Les images du drame, que Libération a choisi de ne pas diffuser, sont visibles depuis jeudi après-midi sur les réseaux sociaux. On y voit, filmée depuis la fenêtre d’un appartement, une altercation entre un homme et une femme en bord de route, derrière une voiture. L’homme, habillé de noir, poursuit la femme, que l’on entend crier «A l’aide !» avant de la plaquer au sol.
Une passante semble vouloir s’interposer avant que l’homme ne pointe une arme de petit calibre vers elle. L’homme tire ensuite deux fois sur la première femme au sol avant de retourner l’arme vers lui et de s’écrouler. Une voiture de police arrive immédiatement sur les lieux, deux agents sécurisent et figent la scène.
Les faits se sont déroulés jeudi aux alentours de 14 heures dans le quartier de Borny, à Metz. Les deux personnes, gravement blessées, ont été évacuées vers un hôpital. L’auteur des coups de feu, d’origine turque, est en état de mort cérébrale ce vendredi. La victime, elle, est toujours hospitalisée.
Un «déchaînement de violence»
L’agresseur s’est livré à un «déchaînement de violence», a souligné vendredi le procureur de la République de Metz, Christian Mercuri. «Les premières auditions des témoins montrent une détermination farouche de l’auteur, un déchaînement de violence qui caractérise sa volonté homicide», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Christian Mercuri a évoqué «une course-poursuite entrecoupée de plusieurs scènes de violence jusqu’à la scène finale», l’auteur des faits poussant sa femme au sol et la frappant à coups de poing et de pied.
Toujours selon le procureur, une première demande de divorce en 2015 avait fait l’objet d’un désistement. Mais au moment des faits, le couple était de nouveau «en instance de divorce» et séparé depuis plusieurs mois, la victime ayant la garde des trois enfants du couple. «Dans l’attente, pour assurer l’éducation et l’hébergement de ces trois enfants, une solution familiale a été trouvée avec la sœur de la victime», a précisé Christian Mercuri.
Le casier judiciaire de l’auteur ne comportait qu’ «une seule mention» en date du 21 novembre 2014, «une condamnation pour des violences par conjoint à une peine de deux mois d’emprisonnement avec sursis», ce qui n’impliquait «pas de suivi judiciaire dans le temps». Il a également évoqué «une plainte pour injures du mois d’août 2020 déposée par la victime et classée sans suite par le parquet». Plus récemment, les 19 et 28 mai, la victime s’était de nouveau présentée à la police «pour signaler qu’elle avait été victime d’injures et d’un crachat» et que son conjoint l’avait suivie en voiture, a-t-il ajouté.
Parmi les premiers à réagir, François Grosdidier, maire de Metz, avait fait part sur Twitter de son émotion «après la tentative de féminicide par un homme qui a ensuite retourné l’arme contre lui à Metz-Borny dans un contexte de divorce, en pleine rue. Tous mes vœux de rétablissement et soutien à la maman et ses trois enfants». Il indique aussi être en «colère contre ceux qui s’arrogent le droit de disposer de la vie d’autrui».
2/2 ...qui s’arrogent le droit de disposer de la vie d’autrui
— François GROSDIDIER (@GrosdidierMetz) June 3, 2021
Le député de Moselle Ludovic Mendes, cité par le Républicain Lorrain, s’était quant à lui dit «choqué». «Comme beaucoup, j’ai vu les images qui circulent sur les réseaux sociaux. C’est le deuxième acte de ce genre dans le département en quelques jours, après le féminicide de Hayange ! Ça suffit, ça ne peut plus continuer comme ça.»
Lors de son intervention devant la presse, le procureur a aussi tenu à dénoncer la circulation de la vidéo sur les réseaux sociaux. «Parmi ces témoins, je signale qu’il y a des voyeurs, lesquels n’ont pas hésité à diffuser des photos, des vidéos. Ces personnes ont commis des infractions délictuelles et ultérieurement j’en chargerai la section cyber-technique de la gendarmerie aux fins d’identification et de poursuites», a-t-il martelé.
L’an dernier, 90 femmes ont été tuées par leur conjoint ou par leur ex. Libération raconte chaque mois, depuis le 1er janvier 2017, la vie de ces femmes. Lundi 24 mai, Stéphanie décédait en pleine rue à Hayange sous les coups de son ex-compagnon, contre qui elle avait porté plainte en vain.