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Antisémitisme

Plusieurs étoiles de David taguées à proximité de l’Hypercacher à Vincennes et Saint-Mandé

Une enquête a été ouverte ce lundi 6 janvier après la découverte d’étoiles de David sur des bâtiments à Vincennes (Val-de-Marne), non loin du lieu qui avait été pris pour cible lors des attentats de janvier 2015.
Une personne passait devant une étoile de David à Vincennes, ce lundi 6 janvier 2025. (Anna Kurth/AFP)
publié le 6 janvier 2025 à 15h31
(mis à jour le 6 janvier 2025 à 18h43)

Plusieurs tags d’étoiles de David ont été retrouvés dimanche 5 janvier sur des bâtiments à Vincennes (Val-de-Marne), non loin de l’Hypercacher qui avait été pris pour cible par Amedy Coulibaly lors de la vague d’attentats de janvier 2015. Contacté par Libération, le parquet de Créteil déclare ce lundi 6 janvier qu’une enquête a été ouverte pour «dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion». Elle a été confiée au commissariat de police de Vincennes.

Le ministère public précise que la découverte a été faite en fin de journée par une habitante, qui a constaté la présence de deux étoiles de David taguées sur la porte d’entrée d’un immeuble et dans son hall. Une troisième étoile a également été découverte à une autre adresse un peu plus tard. Contactée ce lundi, la mairie de Vincennes dénombre un total de treize tags répartis dans un même secteur, «la partie ouest de la ville».

Dans un communiqué, la maire Charlotte Libert a condamné «avec la plus grande fermeté ces actes odieux de provocation, commis à la veille de cette semaine de commémoration des attentats de janvier 2015, et notamment celui de l’Hypercacher de la porte de Vincennes». L’édile y exprime sa «pleine solidarité aux victimes de ces inscriptions et à l’ensemble de la communauté juive» de Vincennes et de Saint-Mandé : «Rien – aucune parole, aucune provocation, aucun acte antisémite, ne pourra nous détourner de la mémoire et du respect que nous devons aux victimes innocentes de ces abjects attentats meurtriers et à leurs familles».

En effet, d’autres étoiles de David ont été graffées dans plusieurs rues du nord de cette commune limitrophe de Vincennes, a appris Libération ce lundi. Une source proche du dossier dénombrait dans l’après-midi «une trentaine» de tags répartis entre les deux villes. Selon nos confrères de l’AFP, une inscription «juif» a également été retrouvée sur un immeuble de Saint-Mandé. Dans un communiqué consulté par Libération, le maire de Saint-Mandé Julien Weil a déploré «une profanation» dans ces actes, «qui constituent une insulte à notre histoire commune, à nos valeurs et à la dignité humaine». L’édile a également exprimé son «plein soutien à toutes les victimes de ces inscriptions abjectes et [...] à l’ensemble des communautés juives» des deux communes touchées.

Selon le parquet de Créteil, d’autres graffitis représentant des étoiles de David ont été constatés dans la soirée de dimanche à Fontenay-sous-Bois. Une enquête a là aussi été ouverte pour «dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en raison de la race, l’ethnie, la nation ou la religion» et quatre personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. L’enquête a été confiée au commissariat de Fontenay-sous-Bois. Les investigations doivent notamment déterminer si les deux affaires sont liées.

Le précédent d’une opération d’ingérence russe

Des dizaines de tags antisémites représentant des étoiles de David bleues, apposées au pochoir, avaient déjà été découverts à l’automne 2023 sur des façades d’immeubles à Paris et en banlieue. Ils étaient le fruit des services de sécurité russes (FSB). A ce titre, un couple de Moldaves avait été interpellé et le commanditaire présumé, un homme d’affaires moldave prorusse, identifié. La France avait condamné dès novembre une «ingérence numérique russe» en dénonçant le rôle d’un réseau russe dans «l’amplification artificielle et la primo-diffusion sur les réseaux sociaux des photos des tags représentant des étoiles de David».

En mai, c’est le mémorial de la Shoah qui avait été dégradé. Pas moins de 35 tags représentant des mains rouges avaient été peints sur le Mur des Justes, à l’extérieur du musée parisien, portant les noms des 3 900 hommes et femmes qui ont contribué à sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Arrêté fin juillet, un ressortissant bulgare avait démenti tout «racisme», disant avoir agi sous l’effet de l’ivresse, sans connaître ce bâtiment.

Mise à jour lundi 6 janvier, ajout des précédents, déclarations de la mairie de Vincennes, la découverte des tags à Saint-Mandé et la réaction du maire de la commune.