Dix-huit années de combat judiciaire ont laissé un certain sentiment d’amertume à Me Stella Bisseuil. «En justice, le temps n’est pas innocent», tance l’avocate de l’Association des familles endeuillées d’AZF Toulouse. Elle représente des victimes quasiment depuis le début de l’instruction, ouverte trois jours après l’explosion de l’usine de production d’engrais azoté ayant tué 31 personnes et blessé des milliers d’autres, le 21 septembre 2001. «Dans cette histoire, le temps a joué en faveur de Total [le groupe propriétaire de l’entreprise, ndlr]. Il a fini par dissiper la réponse judiciaire de l’Etat», regrette-t-elle.
Le choc survient alors que le monde entier ressasse depuis dix jours les images de l’effondrement des tours jumelles à New York. La France serait-elle, à son tour, la cible d’un attentat terroriste ? L’hypothèse a ses pourvoyeurs mais est très vite balayée par le procureur de l’époque, Michel Bréard. Dès le 24 septembre, il garantit qu’il y a «99 % de chances que ce soit un accident». Enquêteurs et experts planchent sans relâche. Le rapport final estime que la catastrophe industrielle est due à un mélange malencontreux de DCCNa – un produit chloré – et de nitrate d’ammonium, un quart d’heure avant la détonation. Le directeur d’AZF de l’époque, Serge Biechlin, et la société propriétaire de l’usine, Grande Par