Menu
Libération
Justice

«Violation du secret des affaires» : la Monnaie de Paris attaque le média «la Lettre»

L’institution publique visée par des articles du média d’investigation avait déjà déposé deux plaintes pour diffamation l’an dernier. Elle a saisi le tribunal des activités économiques pour obtenir le retrait d’une enquête publié en mai.

La Monnaie de Paris, le 19 novembre 2024. Elle demande à «la Lettre» 100 O00 euros en réparation. (Ian Langsdon/AFP)
Publié le 13/10/2025 à 18h23

«C’est la première fois qu’un établissement public attaque un média pour “violation du secret des affaires”» a annoncé la Lettre dans un article publié ce lundi 13 octobre. Ce média en ligne d’investigation révèle avoir été assigné au tribunal des affaires économiques le 13 août, après une plainte de la Monnaie de Paris. Une première audience aura lieu le 16 octobre.

Des «informations d’intérêt public»

L’organisme qui assure la frappe des pièces en circulation en France a attaqué le site en justice «pour obtenir le retrait d’une enquête dévoilant un audit du cabinet EY», précise la Lettre. Dans un article du 19 mai, le média se concentrait sur les conclusions sévères formulées par EY à l’égard de l’institution publique. Le directeur de la Monnaie de Paris, Marc Schwartz, invoque une «violation du secret des affaires et de la confidentialité attachée à cet audit et au rapport» et une «présentation trompeuse et dénigrante pour la Monnaie de Paris faite dudit rapport».

Alors que le rédacteur en chef de la Lettre, Octave Bonneaud, estime que l’article révélait des «informations d’intérêt public», la Monnaie de Paris, elle, demande 100 O00 euros en réparation du préjudice qu’elle juge avoir subi. Jointe par l’AFP, l’institution n’a pas souhaité ajouter de commentaire.

Une institution en difficulté

La Monnaie de Paris avait déjà attaqué par deux fois la Lettre en début d’année 2024, pour diffamation après une série d’articles mettant en lumière ses dysfonctionnements. Le média revenait notamment sur deux ratés de taille : la frappe de 27 millions de pièces de centimes d’euros finalement envoyées au rebut pour non-conformité, et des défauts de fabrication des médailles des Jeux olympiques de Paris, à l’été 2024. En conséquence, environ 220 médailles sur 5 000 ont été renvoyées par les athlètes à ce jour, selon la Cour des comptes.

Par ailleurs, l’institution a fait l’objet début septembre d’un rapport critique de ladite cour, qui souligne la fragilité de son modèle économique, les insuffisances dans les processus de fabrication, les retards de livraison ou encore une gestion des ressources humaines souffrant d’un manque de rigueur.