Régulièrement touché par des vagues de violences, Mayotte est confronté depuis près de deux mois à une explosion comme elle en avait rarement vu. Tous les jours, des bandes de jeunes s’affrontent à coups de pierres et de machettes. D’autres prennent à partie la population, bloquent des routes, rackettent les Mahorais et caillassent leurs véhicules. Au cours des deux dernières semaines, trois personnes ont perdu la vie dans le département. Dans ce contexte pesant, quatre habitants de Mayotte racontent à Libération comment les violences bouleversent leur quotidien.
Flambée
Makrem Ben Reguiga, vice-président de la commission médicale d’établissement de l’hôpital de Mayotte
«Je ne compte pas le nombre de morts liés à un problème d’accès aux soins»
«Dans la nuit de lundi [18] à mardi [19 décembre], une équipe du Samu a été agressée par un groupe de jeunes armés de machettes lors d’une intervention. Désormais, les forces de l’ordre encadrent les sorties des ambulances la nuit. Les violences perturbent complètement l’activité de l’hôpital, alors qu’on est déjà en sous-effectif criant. Tous les jours, j’ai des collègues qui appellent pour dire qu’ils ne peuvent pas venir car la route est bloquée. On est obligés de renvoyer des patients chez eux, on fait le service minimum. Je ne compte pas le nombre de morts liés aujourd’hui à un problème d’accès aux soins engendré par les violences, soit parce que le patient n’arrive pas à venir à l’hôpital, soit car on ne peut pas envoyer quelqu’