Les policiers du commissariat du Ve et VIe arrondissement de Paris ne seront peut-être que trois à devoir répondre de leurs actes devant un tribunal. Dans la nuit du 24 au 25 juillet, Mario (1), un homme de nationalité péruvienne, avait subi de graves violences, en partie filmées par les caméras de vidéosurveillance des locaux de police. Son avant-bras avait été fracturé par un coup de matraque, son arcade sourcilière ouverte avec un coup de clé et il avait été frappé à de nombreuses reprises sur tout le corps.
Pour ces violences aggravées, les agents Maxime D. et Matthieu D. seront jugés le 29 octobre. Deux autres policiers présents dans la salle de fouille où ont été assénés les coups de matraque, à l’abri des caméras, doivent pour leur part répondre de faits de dénonciation calomnieuse. Alors que Maxime D. avait porté plainte pour violences à l’encontre de Mario pour tenter de justifier ses coups, ces deux agents, Clément B. et Alexis L., avaient témoigné en faveur de leur collègue, relayant une version mensongère.
«Je ne voyais aucun titulaire bouger»
Alexis L., qui a concédé avoir fait ces déclarations erronées pour couvrir son collègue, a été condamné le 20 septembre à une peine de six mois de prison avec sursis, dans le cadre d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité. Clément B. sera lui jugé pour cette infraction lors de l’audience du 29 octobre.
Mais les images de vidéosurveillance permettaient également de constater que d’autres agents présents lors des violences commises étaient restés passifs, voire pour certains rigolaient. Quatre agents, les gardiens de la paix Tom R., Maxence N., Louis T. et le policier réserviste Frédéric D. avaient été entendus dans l’enquête pour non-assistance à personne en danger. Selon nos informations, le parquet de Paris étudie toujours ce volet de l’affaire et ne s’est pas prononcé sur d’éventuelles poursuites.
«J’étais l’un des plus jeunes, je vois que mes collègues n’interviennent pas, je ne me sentais pas l’autorité et la capacité pour le faire», avait par exemple expliqué Tom R. lors de son audition. Et concernant son attitude : «Le rire, c’est mon moyen de défense face à cette situation.» Le réserviste Frédéric D. avait également plaidé la pesanteur collective pour expliquer son absence de réaction : «Je ne voyais aucun titulaire bouger et pourtant on était nombreux à être là.»
Edit du 4 octobre : le titre, le sous-titre, le premier et l’avant-dernier paragraphe de l’article ont été modifiés à la suite d’une communication inexacte du parquet de Paris. Le volet concernant la non-assistance à personne en danger n’a pas été classé sans suite. La décision n’a pas encore été prise.