Menu
Libération
Justice

Violences policières : deux agents de la Brav-M condamnés à de la prison avec sursis

Reconnus coupables d’avoir roulé à moto sur un manifestant puis de l’avoir roué de coups lors de la mobilisation contre la réforme des retraites en 2023, les deux hommes écopent de peines plus lourdes que celles réclamées par le parquet. L’un d’eux se voit interdire d’exercer la fonction de policier ou de gendarme de façon définitive.
Des motards de la Brav-M rue Traversière, dans le XIIe arrondissement parisien, le 21 mars 2023 au soir. (Karim Daher/Hans Lucas)
publié le 26 mai 2025 à 17h13

Deux policiers de la Brav-M ont été condamnés à de la prison avec sursis, lundi à Paris, pour avoir roulé à moto sur un manifestant et l’avoir frappé, en marge d’une mobilisation contre la réforme des retraites, en 2023. Un troisième policier, soupçonné d’avoir porté un coup de pied au manifestant, a été relaxé, le tribunal correctionnel ayant considéré qu’il ne s’agissait pas d’une violence volontaire.

«Etant donné la gravité des faits», le conducteur de la moto, Vincent V., a été condamné à douze mois de prison avec sursis, cinq ans d’interdiction de port d’arme et surtout une interdiction définitive d’exercer la fonction de policier ou de gendarme. Un autre fonctionnaire, Mathias M., a lui été condamné à huit mois de prison avec sursis pour avoir frappé le jeune homme de manière intentionnelle.

Ces peines sont plus sévères que celles réclamées par le parquet. «C’est une décision que nous n’acceptons pas a déclaré Me Jérôme Spyridonos, avocat du conducteur, qui va faire appel du jugement.

«On vient de percuter un mec, on l’a démonté»

Le soir des faits, le 21 mars 2023, dans le XIIe arrondissement de Paris, deux équipages de la Brav-M — soit deux motards et deux passagers — étaient intervenus après que des témoins eurent signalé le comportement de personnes lançant des projectiles.

La scène a été immortalisée par deux vidéos, exploitées par les enquêteurs de la «police des polices». L’une a été enregistrée par un passant et largement diffusée sur les réseaux sociaux, l’autre provient de la caméra-piéton portée par l’un des policiers mis en cause.

On y voit un jeune homme s’enfuir pour échapper aux motards, trébucher sur le trottoir, puis être rattrapé par les policiers. L’un des motards accélère, son véhicule avance vers la jambe gauche de Valentin P., avant que des coups ne lui soient assénés, accompagnés d’insultes. On voit ensuite les policiers se retrouver et raconter à leurs collègues : «On vient de percuter un mec, on l’a démonté, on l’a découpé

Valentin P., étudiant de 19 ans à l’époque des faits, s’était vu prescrire une incapacité totale de travail de huit jours, les soignants des urgences signalant d’importantes ecchymoses ainsi qu’un hématome de 56 cm derrière le tibia gauche.

Les Brav-M (Brigades de répression de l’action violente motorisées) ont été créées au printemps 2019 afin d’intervenir rapidement lors de manifestations, de violences urbaines ou de dégradations. Elles sont régulièrement accusées d’usage excessif de la force.

La semaine dernière, un policier de cette brigade a été reconnu coupable de violence sur un observateur de la Ligue des droits de l’homme lors d’une manifestation à Paris le 1er mai 2021.