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Mobilisation

Manifestations contre les violences policières : entre 31 000 et 80 000 participants, des incidents à Paris

Des marches ont eu lieu dans de nombreuses villes du pays samedi 23 septembre, à l’appel d’une centaine d’associations et partis de gauche. Une voiture de police et son équipage ont été pris pour cible dans la capitale.
La marche contre les violences policières à Paris, samedi 23 septembre 2023. (Stéphane Lagoutte/Myop.Libération)
publié le 23 septembre 2023 à 13h41
(mis à jour le 24 septembre 2023 à 14h16)

Après l’ouverture du bal à Nantes vendredi au soir, des manifestations contre les violences policières ont eu lieu dans de nombreuses villes de France ce samedi 23 septembre dans la matinée. Environ 80 000 personnes ont défilé à travers le pays, dont 15 000 dans la capitale, ont affirmé la CGT et LFI. Le ministère de l’Intérieur a recensé 31 300 personnes au total dans l’Hexagone, dont 9 000 à Paris.

A Toulouse, 600 personnes selon la préfecture avaient participé à la marche le matin contre les dérives policières, lancée avant 11 heures sous des banderoles «Contre le racisme systémique» ou «La police mutile, la police assassine». A Perpignan, ils étaient environ 150. A Amiens aussi le cortège a traversé le centre-ville.

A Paris, la marche est partie à 14 h 30 de la Gare du Nord, encadrée par «un peu plus de 1 000 policiers», avait annoncé le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, samedi matin sur FranceInfo. Mais peu après le départ, un pré-cortège de centaines de personnes vêtues de noir et cagoulées s’est constitué devant les organisations et collectifs ayant appelé à la mobilisation. Arrivés au niveau de la station de métro Anvers, dans le nord de la capitale, ils ont dégradé une agence bancaire de la Caisse d’Epargne.

Ils ont ensuite jeté des projectiles sur une voiture de police coincée dans la circulation, boulevard de Clichy. La voiture a été attaquée «à coups de barre de fer», selon la préfecture de police de Paris. L’un des policiers est alors brièvement sorti du véhicule arme à la main pour tenir à distance les manifestants, selon plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, confirmées par une source policière.

Une «intervention des BRAV», du nom de cette unité controversée de policiers à moto, «a permis de faire cesser l’action et mettre à l’abri» les policiers présents dans le véhicule, a ajouté la préfecture de police, qui n’a fait état d’aucune interpellation à ce stade.

«La ‘‘manifestation’’ parisienne a connu des violences inacceptables contre les forces de l’ordre. On voit où mène la haine anti-police», a réagi sur Twitter (renommé X) le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Quatre agents ont été légèrement blessés, a précisé ce dimanche la préfecture de police de Paris à Franceinfo. Une enquête a été ouverte pour violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique.

La gauche en ordre dispersé

A Marseille, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, présent dans la manifestation, a une fois dénoncé les violences policières «deux mois après la mort de Nahel». «Nous ne sommes toujours pas consolés et nous n’acceptons toujours pas qu’on tire sur les gens pour refus d’obtempérer». «Il y a des cas où, en effet, le refus d’obtempérer peut être dangereux, mais ça fait partie du métier» de policier, a poursuivi Jean-Luc Mélenchon, estimant que la France a «besoin d’une police de proximité qui pense sa relation à la population différemment que dans le rapport d’intimidation ou de provocation».

La journée d’action de ce samedi était organisée par une centaine de syndicats, partis politiques et autres collectifs de quartiers populaires. De nombreux élus de LFI - mais pas du PS ou du PCF - prévoyaient de participer à cette mobilisation «contre le racisme systémique, les violences policières et pour les libertés publiques», à l’instar d’Eric Coquerel ou Mathilde Panot. La députée de Paris EELV Sandrine Rousseau devait également être présente. La mobilisation a aussi reçu le soutien de 150 personnalités du cinéma, dont la réalisatrice Palme d’Or 2023 Justine Triet, les acteurs Reda Kateb et Benoît Magimel, la productrice Sylvie Pialat.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a adressé vendredi une lettre de soutien aux policiers et gendarmes et envoyé un télégramme aux préfets, les appelant à «faire preuve d’une vigilance particulière concernant ces rassemblements», de prendre un arrêté d’interdiction si nécessaire et de signaler les messages «porteurs de slogans insultants et outrageants à l’endroit des institutions de la République, de la police et de la gendarmerie susceptibles de tomber sous le coup de la loi».

Des risques de troubles à l’ordre public sont mentionnés dans une quinzaine de villes, dont Rennes (Ille-et-Vilaine), Lille (Nord), Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) ou encore Villeurbanne (Rhône). Le renseignement territorial évoque également des risques de troubles à Nice (Alpes-Maritimes), où un rassemblement antidrogue à proximité de la marche unitaire est organisé par l’ultra-droite. Des affrontements sont ainsi à craindre avec l’ultra-gauche, précise la note.

Le ministère de l’Intérieur a mobilisé samedi entre 130 et 135 unités de force mobile, soit 30 000 policiers et gendarmes, sur l’ensemble du territoire, alors qu’un important dispositif de sécurité encadre la visite du pape François à Marseille (6 000 membres des forces de l’ordre samedi après-midi).

Le nombre d’enquêtes de l’IPGN en hausse

Dans son rapport annuel, publié jeudi, l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a admis que le nombre d’enquêtes menées sur l’usage de la force des policiers sur la voie publique avait nettement augmenté en 2022.

Le décès de Nahel, adolescent de 17 ans tué par un policier lors d’un contrôle routier à Nanterre, avait déclenché une vague d’émeutes fin juin. Hedi, 22 ans, a été grièvement blessé par un tir de LBD à Marseille en marge de ces émeutes, à la suite desquelles quatre affaires de violences présumées des forces de l’ordre ont donné lieu à l’ouverture d’enquêtes.

Mise à jour : dimanche 24 septembre, à 14 h 15, avec l’ajout des policiers blessés à Paris et de l’ouverture d’une enquête.