Plus de six décennies après les faits, des enquêtes pénales vont être diligentées «selon les situations» sur des révélations de violences sexuelles au sein du collège-lycée Saint-Stanislas, à Nantes, annonce ce jeudi 16 octobre le parquet. Celui-ci a reçu à ce jour pas moins de 31 déclarations concernant l’établissement d’enseignement catholique.
Fin septembre, un mois après la conférence de presse qui évoquait de premiers témoignages - courant des années 1950 à 1990 -, le diocèse de Nantes annonçait avoir récolté 63 signalements concernant cet établissement.
Parmi eux, «15 courriers émanent de victimes et 16 émanent de témoins», portant sur des faits «commis principalement dans les années 1960», précise le procureur de la République de Nantes, Antoine Leroy. «Certaines personnes se sont également rendues dans des commissariats de police pour donner des informations ou déposer plainte», ajoute-t-il, sans préciser leur nombre.
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Neuf personnes sont mises en cause, principalement des membres du clergé. Certaines sont décédées. «Selon les situations, des enquêtes pénales vont être diligentées», annonce le procureur.
Une enquête avait déjà été ouverte au début du mois de septembre, après le suicide en 2024 d’un quadragénaire ayant affirmé avoir été victime de violences sexuelles lorsqu’il était interne au collège-lycée Saint-Stanislas.
Fin septembre, un collectif de victimes a été fondé. «C’est en le constituant qu’on a découvert qu’on était passés dans le même système de prédation», témoigne auprès de l’AFP Emmanuel Cocaul, 60 ans, élève à Saint-Stanislas entre 1976 et 1984.
«On se pensait seul»
Dès 2020, il avait témoigné auprès de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) d’agressions sexuelles commises par un aumônier - décédé depuis - entre ses 11 et 14 ans. «J’ai toujours su que c’était anormal, mais le système ne reposait pas, à la différence de Bétharram par exemple, sur de la violence physique directe. C’était plus doucereux. On se pensait seul», déclare-t-il.
«Peut-être que ce type de prêtre repère les élèves solitaires. J’étais la brebis fragile, facile à attraper», raconte un autre membre du collectif, qui préfère rester anonyme. Il ajoute avoir ressenti une «grande tristesse», mais aussi une «once de soulagement» après avoir appris qu’il n’était pas la seule victime.
Le rapport de la Ciase, publié en 2021, estimait à 330 000 le nombre de mineurs victimes de violences sexuelles au sein de l’Eglise. 108 000 d’entre elles auraient été agressées dans le cadre de l’enseignement scolaire catholique, estime depuis le président de la Ciase, Jean-Marc Sauvé.