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Justice

Violences sexuelles sur des nourrissons à Montreuil : «deux mamans ont identifié leur enfant sur les vidéos», selon le parquet

Onze familles étaient potentiellement concernées par les faits commis sur des bébés à l’hôpital de Montreuil entre décembre 2024 et janvier 2025. Elles ont été entendues par la police, le parquet a été saisi du cas de trois victimes.
Hôpital André-Grégoire, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, le 3 août 2025. (Thomas Samson/AFP)
publié aujourd'hui à 18h01
(mis à jour le 20 août 2025 à 19h34)

Des familles dans l’angoisse. De nombreux parents redoutent que leurs enfants aient été en contact avec l’infirmière soupçonnée d’avoir commis des agressions sexuelles filmées sur au moins deux bébés, au sein du service de néo-natalité de l’hôpital André Grégoire. La direction du groupement hospitalier de territoire Grand Paris Nord Est (GHT GPNE) a publié mercredi un communiqué, en réponse à ces familles qui se sont plaintes de son silence ou d’un accompagnement jugé très insuffisant.

«Une cellule d’écoute a été mise en place depuis le 5 août et répond à toutes les sollicitations des familles», affirme la direction, assurant qu’«un rendez-vous a été proposé à chaque famille potentiellement concernée par les faits [entre décembre 2024 et janvier 2025, ndlr], sur la base des éléments transmis par le parquet». «A ce jour, onze familles ont été rencontrées», précise-t-elle.

Contacté, le parquet de Bobigny a indiqué à Libération ce mercredi que 11 familles avaient été entendues par les services de police, et que «deux mamans ont en l’état identifié leur enfant sur les vidéos à [la] disposition» du parquet. Il précise être à ce stade «saisi du cas de trois victimes, dont deux mères [qui] ont déposé plainte auprès des policiers».

Plainte pour viol sur mineur

Par la voix de leurs avocats, sept familles avaient annoncé plus tôt avoir saisi la justice dans l’affaire, avait appris par ailleurs Libération ce mercredi, confirmant une information du Parisien. «Nous nous sommes constitué partie civile devant le juge d’instruction [mardi], pour les faits dont il est déjà saisi», indique Me Djamel Bouguessa, l’un des trois avocats. Les parents des nourrissons et leurs conseils espèrent ainsi avoir notamment accès au dossier de la procédure. Auprès du Parisien, l’avocate de huit autres familles, Me Myriam Guedj Benayoun, a de son côté déclaré avoir déposé plainte pour viol sur mineur, dans la journée de lundi.

Le parquet de Bobigny a indiqué ce mercredi n’avoir eu connaissance d’«aucune constitution de partie civile» auprès du juge d’instruction, contrairement à l’hôpital de Montreuil qui «s’est bien constitué partie civile dans le dossier du juge d’instruction». Il précise par ailleurs être à ce stade «saisi du cas de trois victimes, dont deux mères [qui] ont déposé plainte auprès des policiers».

L’affaire avait été rendue publique après la diffusion de plusieurs vidéos sur la plateforme TikTok alertant sur «un scandale dans un hôpital du 93». Sur l’une de ces publications, un homme face caméra assurait ainsi que «deux personnes qui travaillent avec les nourrissons […] s’amusent à maltraiter des enfants noirs», avant de glisser que c’est «à caractère sexuel». Début août, deux enfants victimes avaient été identifiées dans l’exploitation des vidéos. Le parquet avait précisé qu’il n’y avait «aucun caractère racial dans le passage à l’acte». «L’un des enfants est blanc, l’autre noir», avait-il précisé.

Mi-août, la justice a ordonné en appel, et contre l’avis du parquet - qui demandait son placement en détention provisoire -, le maintien sous contrôle judiciaire de Juliette S., une infirmière de 26 ans d’un hôpital de Montreuil (Seine-Saint-Denis), mise en examen au début du mois pour des soupçons d’agressions sexuelles sur des nourrissons. La cour avait estimé que le placement en détention provisoire n’était «pas nécessaire» pour «comprendre la démarche du passage à l’acte» de Juliette S., ni ne la servirait dans son parcours de soins.

L’infirmière, qui travaillait dans le service de réanimation néonatale, également mise en examen pour captation et diffusion d’images à caractère pédopornographique, aurait commis les faits en décembre 2024 et janvier 2025. Elle s’était présentée au commissariat le 30 juillet pour se dénoncer. Elle avait déclaré avoir été sous emprise d’un homme, Redouane E., 27 ans, soupçonné d’avoir été l’instigateur des faits. Ce dernier avait également été placé sous contrôle judiciaire contre l’avis du parquet. Cet homme avait été interpellé le 30 juillet chez lui et son matériel informatique saisi. Tous deux avaient été mis en examen le 2 août.

Mise à jour à 19 h 20 avec le nouveau communiqué du parquet