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Justice

Violences sexuelles sur des nourrissons à Montreuil : «deux mamans ont identifié leur enfant sur les vidéos» et une troisième victime reste inconnue, selon le parquet

Le parquet de Bobigny a été saisi du cas de trois victimes dans l’affaire des agressions sexuelles sur des nourrissons à l’hôpital André Grégoire (Seine-Saint-Denis). Les avocats de plusieurs autres familles ont annoncé avoir déposé plainte et vouloir se constituer partie civile.

Hôpital André-Grégoire, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, le 3 août 2025. (Thomas Samson/AFP)
Publié le 20/08/2025 à 18h01, mis à jour le 20/08/2025 à 19h34

Des familles dans l’angoisse. De nombreux parents redoutent que leurs enfants aient été en contact avec Juliette S., l’infirmière soupçonnée d’avoir commis des agressions sexuelles filmées sur des bébés au sein du service de néo-natalité de l’hôpital André Grégoire de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Les faits ont pu se tenir entre le 1er octobre 2024 et le 30 juillet 2025 et, contrairement aux premières rumeurs circulant sur l’affaire, il n’y a pas de caractère racial.

La jeune femme de 26 ans a été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire début août, tout comme son amant, Redouane E. Elle, pour agressions sexuelles sur mineurs et captation et diffusion d’images à caractère pédo-pornographiques. Lui, pour complicité d’agressions sexuelles. Il est soupçonné d’avoir été l’instigateur.

Le parquet de Bobigny a indiqué mercredi 20 août être, à ce stade de l’enquête, «saisi du cas de trois victimes, dont deux mères [qui] ont déposé plainte auprès des policiers». La troisième victime n’a pas encore été identifiée. Dans le même temps, les conseils de plusieurs familles dont les enfants sont passés par la maternité de l’hôpital André Grégoire, ont annoncé avoir saisi la justice.

Les avocats de sept familles ont ainsi indiqué mercredi à Libé leur volonté de se constituer partie civile dans ce dossier, confirmant une information du Parisien. «Nous nous sommes constitué partie civile devant le juge d’instruction [mardi], pour les faits dont il est déjà saisi», a expliqué Me Djamel Bouguessa, l’un des trois avocats. Ils espèrent, ainsi que leurs clients, avoir accès au dossier de la procédure. Une quatrième avocate a de son côté annoncé au Parisien avoir déposé plainte pour viol sur mineur lundi, pour le compte de huit autres familles.

Mercredi, le parquet de Bobigny nous indiquait n’avoir eu connaissance d’«aucune constitution de partie civile» auprès du juge d’instruction, contrairement à l’hôpital de Montreuil qui «s’est bien constitué partie civile». La direction du groupement hospitalier de territoire Grand Paris Nord Est (GHT GPNE) publiait le même jour un communiqué, en réponse à ces familles qui se sont plaintes de son silence ou d’un accompagnement jugé très insuffisant.

«Une cellule d’écoute a été mise en place depuis le 5 août et répond à toutes les sollicitations des familles», affirme la direction, assurant qu’«un rendez-vous a été proposé à chaque famille potentiellement concernée par les faits, sur la base des éléments transmis par le parquet». «A ce jour, onze familles ont été rencontrées», précise-t-elle. Selon le parquet, ces onze familles ont été entendues par les services de police.

«Aucun caractère racial dans le passage à l’acte»

L’affaire avait été rendue publique après la diffusion de plusieurs vidéos sur la plateforme TikTok alertant sur «un scandale dans un hôpital du 93». Sur l’une de ces publications, un homme face caméra assurait ainsi que «deux personnes qui travaillent avec les nourrissons […] s’amusent à maltraiter des enfants noirs», avant de glisser que c’était «à caractère sexuel». Début août, deux enfants victimes avaient été identifiés dans l’exploitation des vidéos. Le parquet avait précisé qu’il n’y avait «aucun caractère racial dans le passage à l’acte». «L’un des enfants est blanc, l’autre noir», avait-il précisé.

Juliette S., une infirmière de 26 ans d’un hôpital de Montreuil (Seine-Saint-Denis), mise en examen au début du mois pour des soupçons d’agressions sexuelles sur des nourrissons a été placée sous contrôle judiciaire mi-août. La cour avait estimé que le placement en détention provisoire n’était «pas nécessaire» pour «comprendre la démarche du passage à l’acte» de Juliette S., ni ne la servirait dans son parcours de soins.

L’infirmière, qui travaillait dans le service de réanimation néonatale, également mise en examen pour captation et diffusion d’images à caractère pédopornographique, aurait commis les faits en décembre 2024 et janvier 2025. Elle s’était présentée au commissariat le 30 juillet pour se dénoncer. Elle avait déclaré avoir été sous emprise de Redouane E., 27 ans, soupçonné d’avoir été l’instigateur des faits. Ce dernier avait également été placé sous contrôle judiciaire contre l’avis du parquet. Cet homme avait été interpellé le 30 juillet chez lui et son matériel informatique saisi. Tous deux avaient été mis en examen le 2 août.

Mise à jour à 19 h 20 avec le nouveau communiqué du parquet ; le 21 août, avec de nouveaux éléments