Avertissement
Cet article décrit des violences sexuelles et peut choquer.
Un soir d’avril 2018, Armand (1), alors âgé de 3 ans, ne cesse de gesticuler sur sa chaise. Eléonore s’impatiente, lui demande de s’asseoir. Son enfant lui dit alors qu’il a mal aux fesses puis nomme le fils de sa nourrice, un homme d’une quarantaine d’années. «Il a mis doigts dans ses fesses à moi.» Sidérée, la mère de famille de 40 ans lutte de toutes ses forces pour ne pas effacer de sa mémoire cette révélation et l’écrit sur un bout de papier.
C’est un électrochoc. La femme originaire du Centre-Val-de-Loire voit défiler les symptômes qui l’inquiétaient depuis longtemps mais qu’elle n’avait pas associés à des violences sexuelles. Elle se souvient de ce jour où Armand, bébé, est revenu de chez sa nourrice les fesses violacées, des heures qu’il lui faut pour s’endormir le soir, du temps qu’il a mis à savoir marcher, et de ses crises pendant lesquelles il se tapait la tête contre le sol. «Je pense qu’il a subi des viols répétés et qu’il a parlé quand il a pu le faire.»
En France, 160 000 enfants sont victimes chaque année de violences sexuelles, selon le rapport 2023 de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants. Parmi eux, 22 % en ont subi avant l’âge de 5 ans. Un chiffre qui semble pas