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Justice

Mort de Shemseddine, 15 ans, à Viry-Châtillon : quatre jeunes hommes mis en examen pour assassinat

Le collégien, tabassé à la sortie des cours en Essonne, est mort vendredi. Ce dimanche 7 avril, le parquet a pu retracer le déroulé des faits avec au cœur du drame deux frères «craignant» pour la «réputation» de leur sœur.
L’adolescent brutalisé à la sortie des cours à Viry-Châtillon est mort ce vendredi 5 avril, annonce le parquet d’Evry. (Miguel Medina/AFP)
publié le 5 avril 2024 à 15h20
(mis à jour le 8 avril 2024 à 7h19)

Quatre jeunes hommes ont été mis en examen pour «assassinat» dimanche 7 avril dans la soirée après la mort de Shemseddine, 15 ans, tabassé jeudi devant son collège de Viry-Châtillon pour un différend impliquant la sœur de deux d’entre eux, a annoncé le parquet d’Evry. Deux des mis en cause - un majeur de 20 ans et un mineur - ont été écroués tandis que deux autres mineurs sont incarcérés provisoirement avant un débat contradictoire mercredi, explique le procureur d’Evry Grégoire Dulin dans un communiqué. Selon les premiers éléments de l’enquête cités par le paquet, les quatre mis en cause ont passé à tabac l’adolescent qui «correspondait» sur les réseaux sociaux avec l’adolescente de 15 ans, «sur des sujets relatifs à la sexualité».

«Opéré en urgence» dans la nuit de jeudi, Shemseddine a finalement succombé vendredi à ses blessures, des suites d’«un traumatisme crânien ayant entraîné un hématome sous-dural. Etaient également relevées plusieurs autres lésions traumatiques sur le corps de la victime et l’absence de lésion de défense sur ses mains et ses avant-bras», fait savoir dimanche le procureur de la République, Grégoire Dulin, qui détaille le profil des cinq personnes interpellées, soit trois mineurs de 17 ans, une de 15 ans et un majeur de 20 ans. «Le majeur de 20 ans, un des mineurs de 17 ans et la mineure de 15 ans» sont «issus d’une même fratrie», rapporte-t-il.

«La mineure était informée des intentions de ses frères»

Toujours selon le procureur, «les deux frères avaient appris, plusieurs jours auparavant, que leur sœur correspondait avec des personnes de son âge sur des sujets relatifs à la sexualité. Craignant pour sa réputation et celle de leur famille, ils avaient enjoint à plusieurs garçons de ne plus entrer en contact avec elle. Ils avaient ensuite appris que la victime se vantait de pouvoir librement parler avec leur sœur, n’ayant pas encore eu à subir de pression de leur part».

Et le procureur de retracer le déroulé des faits : «Le 4 avril 2024 à 15 heures, les deux frères, accompagnés de deux connaissances, s’étaient rendus au collège des Sablons où ils avaient croisé la victime, de manière fortuite, selon leurs déclarations. Ils avaient ensuite demandé à l’adolescent de les suivre dans un hall d’immeuble pour avoir une explication. […] Le ton était monté et des coups avaient été portés, entraînant la chute» du jeune homme. Aucune arme n’aurait été utilisée, selon les premières constatations. «L’individu majeur avait alors contacté les services de secours, poursuit le procureur. Néanmoins, pour assurer leur fuite, il avait donné de fausses indications aux services de police, en expliquant notamment qu’il avait vu plusieurs jeunes cagoulés s’enfuir à pied.» Le garçon a été laissé pour mort sur le bitume, les agresseurs, eux, ont pris la fuite et ont regagné leur voiture «à une allure normale».

La jeune fille de 15 ans, elle, «n’était pas présente au moment de la commission des faits». Néanmoins, «il existe des indices graves et concordants permettant de considérer qu’elle était informée des intentions de ses frères vis-à-vis de la victime». D’où la mise en examen pour «assassinat».

Une enquête judiciaire qui «ne traîne pas»

Le maire de la ville, Jean-Marie Vilain, apparu très ému après la mort du jeune garçon, s’est félicité dimanche auprès de Libération de voir une enquête judiciaire qui «ne traîne pas». Il salue également le fait que «chacun ait pu faire son travail de la manière la plus sereine possible».

«Nous serons intraitables contre toute forme de violence», et «il faut protéger l’école de ça», avait pour sa part martelé le président Emmanuel Macron lors d’une visite d’un établissement scolaire à Paris vendredi, exprimant avant l’annonce de la mort son «plein soutien» et sa «compassion» pour le collégien. La porte-parole du gouvernement avait dénoncé de son côté «un crime barbare». «Face à ce crime barbare et à la violence, notre société ne pliera pas», a déclaré sur le réseau social X Prisca Thevenot, affirmant que «les auteurs seront retrouvés et sanctionnés».

Mise à jour : ce lundi à 7h19, avec l’ajout de la mise en examen de quatre suspects.