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Justice

Visite de Dupond-Moretti à Lyon : des greffiers mal payés et mécontents lui tournent le dos

Au lendemain de rassemblements de greffiers une partie du personnel du tribunal judiciaire de Lyon, notamment des greffiers «en colère», a tourné le dos mardi au ministre de la Justice venu pour l’installation d’un comité des usagers.
Rassemblement de greffiers au tribunal judiciaire de Lyon, ce mardi 27 juin. (Nicolas Niponne/Hans Lucas. AFP)
publié le 27 juin 2023 à 19h37

De passage ce mardi 27 juin au tribunal judiciaire de Lyon, Eric Dupond-Moretti devait rencontrer des membres du personnel judiciaire. Mais dès son arrivée, plusieurs lui ont ostensiblement tourné le dos, brandissant des pancartes aux slogans éloquents : «les comptes ne sont pas bons», «les greffiers méritent mieux». Face à ce mouvement inattendu, Eric Dupond-Moretti a menacé de quitter la réunion. «Je trouve cela très discourtois», a-t-il remarqué.

Après plusieurs minutes de flottement, la réunion a pu se tenir, avec des échanges entre le ministre et des greffiers qui ont exprimé une grande lassitude. «Vous avez affaire à une greffière épuisée. Nous ne sommes plus en capacité de tenir», a affirmé l’une d’elles. «La justice n’est rien sans nous, votre grille [de rémunération] est une honte», a lancé un greffier sous les applaudissements, en faisant référence aux 45 euros brut d’augmentation annoncés par la chancellerie.

«Les conditions de la justice ont été améliorées depuis que je suis ministre», a répondu le garde des Sceaux, en annonçant l’embauche de 9 magistrats du siège, 4 magistrats du parquet, 11 greffiers, 18 adjoints administratifs et 92 contractuels pour le ressort du tribunal judiciaire de Lyon d’ici la fin de l’année. Il a précisé que les renforts allaient atteindre «70 magistrats pour l’ensemble de la cour d’appel de Lyon d’ici 2027».

«Insuffisant»

La veille, plusieurs centaines de greffiers étaient rassemblés devant les tribunaux de France pour protester contre un projet de revalorisation salariale jugé indigne et dénoncer le «mépris» dont leur profession fait selon eux l’objet. Enclenchée la semaine dernière, cette mobilisation spontanée a été provoquée par un projet de nouvelle grille indiciaire qui va désavantager les greffiers, estiment-ils. Lundi après-midi, l’intersyndicale a été reçue au ministère de la justice, sans obtenir de résultat.

Estimant qu’aucune discussion sérieuse sur leurs revendications n’avait eu lieu, l’Unsa services judiciaires, la CGT des chancelleries et services judiciaires, SDGF-FO (Syndicat des greffiers de France) et la CFDT-Interco Justice ont regretté dans un communiqué commun un bilan «bien insuffisant et bien laborieux». «Aucune annonce particulière n’a été faite, ils nous ont donné du bout des lèvres un calendrier pour discuter mais ça s’arrête là», a dénoncé à l’AFP Hervé Bonglet, secrétaire général de l’Unsa services judiciaires (majoritaire).

De son côté, le ministère de la Justice a salué «des échanges approfondis», affirmant qu’il a été «décidé d’établir un calendrier qui commence dès le 4 juillet par une réunion sur les conditions de reclassement» et rappelant que la rémunération des greffiers a augmenté en trois ans de 12%. Selon Hervé Bonglet, l’intersyndicale réclame «une revalorisation du métier des greffiers, sous-payés par rapport à leurs compétences et tout ce qu’ils font», estimant que les recrutements prévus dans le dernier projet du ministre – 1 800 greffiers en plus – ne seront «pas assez».