Menu
Libération
VSS

Voyeurisme dans les piscines à Paris : «On m’a volé un peu de mon corps»

Article réservé aux abonnés
Violences sexuellesdossier
Depuis l’interpellation, le 1er avril, d’un homme pour atteinte à l’intimité dans la piscine Georges-Hermant (XIXe arrondissement), les récits de femmes victimes de violences sexuelles près des bassins abondent sur les réseaux sociaux. La mairie de Paris a lancé une inspection générale des vestiaires.
(Magali Cohen/Hans Lucas. AFP)
par Sidonie Davenel
publié le 12 avril 2025 à 17h01

«Je suis entrée dans une cabine. J’ai senti une présence. J’ai fini par baisser les yeux, et j’ai vu l’écran du téléphone, positionné sur le mode selfie, j’ai vu que le téléphone filmait, j’ai vu ma cabine, je me suis vue moi, nue.» Ce jour-là, le 16 janvier 2024, Clara observe en silence l’image de son intimité volée. Entre les quatre frêles parois de la cabine d’une piscine parisienne, elle se met à trembler. C’est avec son bonnet de bain enfoncé sur la tête, comme pour «préserver ses cheveux», qu’elle poursuit son agresseur. Quand il est face à elle, Clara le regarde droit dans les yeux, cet homme qui voulait la voir sans être vu. «Non je ne vous ai pas filmée», affirme-t-il. L’agent d’accueil de la piscine ne le contredit pas, sans plus de vérifications.

L’histoire que relate Clara résonne avec celle de la journaliste Laurène Daycard, qui a partagé sa colère sur Instagram le 2 avril, après qu’un homme l’a filmée en train de se changer dans la piscine Georges-Hermant à Paris (XIXe arrondissement). Depuis, les témoignages de femmes ayant été victimes d’agressions similaires abondent sur les réseaux sociaux. Les récits s’imbriquent, des bribes se superposent : le carrelage froid, les regards – «ceux qui durent une milliseconde de trop» – qui coulent sur les corps des femmes en maillot de bain, la pudeur abîmée, les parois des cabines parfois percées de trous assez larges pour qu’un œil s’y cale. Et, enfin, l’espace vide qui sépare les cloisons du