Un adolescent de 16 ans a été retrouvé pendu dimanche 18 août dans sa cellule de l’établissement pénitentiaire pour mineurs (EPM) de Porcheville (Yvelines). Il y était détenu depuis le mois de juin 2024, après avoir été condamné par le juge des enfants de Créteil pour des faits de violences conjugales, a fait savoir ce lundi 19 août la procureure de la République de Versailles, Maryvonne Caillibotte.
Auprès de Libération, la magistrate précise que l’adolescent avait laissé «quelques mots» dans sa cellule, sans pour autant «donner des raisons» sur son geste. Aussi, selon une source policière, l’adolescent a été découvert pendu dans sa cellule aux alentours de 8 heures du matin dimanche. Il a été déclaré mort sur place. Toujours selon cette source, il se trouvait seul dans sa cellule au moment des faits entre 5 h 30 et 7 h 40.
Après ce drame, une enquête a été ouverte et confiée au commissariat de Mantes-la-Jolie pour rechercher les causes de la mort du jeune homme, dont la durée de la peine n’a pas été précisée par la magistrate.
Interview
Un établissement déjà pointé du doigt
Ce nouveau suicide s’ajoute à une liste déjà très longue. En France, un décès survient «tous les deux ou trois jours (en détention), la plupart du temps par suicide», déplore le site de l’Observatoire international des prisons (OIP). «Depuis le mois de septembre 2023, nous avons comptabilisé 5 suicides de mineurs en prison. C’est un chiffre en augmentation par rapport à ce que l’on observait ces dernières années, rapporte Odile Macchi, responsable du pôle Enquêtes de l’OIP. L’incarcération des mineurs dans un moment de construction identitaire est antinomique avec l’autonomie et la sociabilité dont ils ont besoin à ce moment précis. Le contexte de la prison et leurs conditions carcérales délétères aggravent donc les difficultés déjà importantes de ces jeunes, tout en ne proposant aucune solution». Autant de facteurs qui multiplieraient les risques de suicide selon elle.
Depuis sa mise en service en 2008, l’établissement pour mineurs de Porcheville – qui accueillait 52 personnes âgées entre 13 et 18 ans en janvier 2024 sur les 59 places disponibles – a été visité à quatre reprises par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL). Lors de sa dernière inspection en juillet 2023, le CGLPL avait déploré «l’absence de cellule de protection d’urgence depuis trop longtemps», tout en notant toutefois que «le partage d’information sur la prévention du suicide [était] efficient». Le taux d’absentéisme «toutes causes confondues du personnel» avait également été pointé du doigt et désigné comme «important». Des conditions qui impactent «inévitablement la qualité de la prise en charge» des détenus.
Lors de cette visite, l’autorité administrative avait également constaté que l’accès aux consultations et aux soins psychiatriques ne pouvait se faire qu’à «l’extérieur de l’établissement», le poste de pédopsychiatre interne à l’établissement étant vacant depuis 2020. Cette dernière visite avait toutefois permis au CGLPL de constater une amélioration de la salubrité des cellules, jusqu’alors particulièrement dégradées.