Un temps, elle habitait rue des Violettes. Une adresse délicieuse pour le dos des enveloppes. Qu’elle scotche toujours, la base. Marie-Dominique Pot adore le courrier. Son appartement en est rempli, du sol au plafond. Les jours de petite forme, elle écrit sept lettres. Une dizaine en rythme de croisière, dimanche compris. A la grande époque, elle comptait 200 correspondants réguliers, variant au fil des rencontres. Enfin, plus ou moins. Il y a des enracinés. Danielle par exemple, ancienne monitrice de colo. C’est à se demander si ensemble, elles ne détiennent pas un record de longévité : soixante-douze ans de correspondance ! A 90 ans passés, Danielle commence quand même à flancher, ses courriers se font plus rares.
Marie-Dominique Pot, 79 ans, écrit «comme elle respire», surtout la nuit. «Je voudrais répondre à ce que vous dites, mais j’écris à la lumière électrique et votre encre jaune [un feutre traînant au journal, ndlr] n’apparaît pas avec ce type de lumière. Il faut que j’attende que le jour se lève ! C’est amusant.» A ce moment-là de l’histoire, nous pensions naïvement caler un rendez-vous par lettre interposée. Et puis bon, au deuxième courrier arrivant une fois les propositions de dates passées… «J’ai reçu votre lettre du 17, ce matin, le 25 (à cheval, le courrier irait plus vite !) Oui, bien sûr, venez.»
Les cheveux empaquetés dans une pince, elle accueille à pas délicat dans un trois-pièces de la banlieue nantaise, à Vertou (Loire-Atlanti