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Reportage

«Pour nous, il n’y a rien qui change» : à Orange, aux mains de l’extrême droite depuis 1995, deux France se font face

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Elections législatives 2024dossier
Près de trente ans d’extrême droite ont fait de cette cité antique vauclusienne, fief des Bompard, une ville coupée en deux. D’un côté, les électeurs du RN qui attendent leur heure en 2027 ; de l’autre, des Français d’origine maghrébine, las d’être ciblés en permanence et proies d’un racisme quotidien.
Des habitants sourire aux lèvres après le résultat des élections législatives, à Orange (Vaucluse), le 7 juillet 2024. (David Richard/Libération)
publié le 8 juillet 2024 à 13h59

Orange, dans le Vaucluse, est une ville qu’on a scindée en deux. Il y a d’un côté la cité des princes, fière et sublime de ses vestiges romains, dominée par le théâtre antique dont le mur de façade surplombe les riverains de sa grâce depuis le Ier siècle avant Jésus-Christ. En ce début du mois de juillet, de nombreux touristes sont venus l’admirer : des Allemands, des Hollandais et quelques Espagnols, qui se laissent aussi charmer par les petites places successives formées autour de fontaines. Ce décor est le terrain de jeu des Bompard, successivement maires de la ville depuis 29 ans. De 1995 à 2021, il y eut Jacques, l’aîné, membre fondateur du Front national version Jean-Marie Le Pen et président de la Ligue du Sud. Condamné pour prise illégale d’intérêts, il y a désormais Yann, le fils, 40 ans, fervent soutien d’Éric Zemmour.

Les idées xénophobes font recette à Orange : à chaque élection depuis 30 ans, l’extrême droite arrive largement en tête, devançant les autres partis d’au moins 15 points. Ce dimanche, Marie-France Lorho (RN) a été réélue dans la 4e circonscription du Vaucluse avec 65,43 % des voix. De l’autre, coincé entre trois ronds-points à quelques centaines de mètres de là, il y a le quartier de Fourchevieilles : des barres d’immeubles construites en 1973, où loge de