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Libération
#MeToo

«Poutre dans le caleçon», «grosses salopes», «petite chatte» : «Complément d’enquête» exhume une vidéo d’un Depardieu obscène

Violences sexuellesdossier
Le magazine d’investigation a diffusé des images inédites tournées en septembre 2018 en Corée du Nord, où l’acteur multiplie les propos à connotation sexuelle, adressés notamment à une fillette d’une dizaine d’années.
Capture d'écran du «Complément d'enquête» consacré aux accusations portées contre Gérard Depardieu et diffusé le 7 décembre. (France Télévision)
publié le 7 décembre 2023 à 14h19

Propos orduriers et crasses, sexualisation d’une fillette d’une dizaine d’années, grognements intempestifs. Le magazine d’investigation Complément d’enquête, une semaine après un reportage sur Cyril Hanouna, consacre ce jeudi 7 décembre une enquête sur l’acteur Gérard Depardieu, visé par de multiples accusations et par deux plaintes pour viols et agressions sexuelles. Les journalistes de France 2 s’appuient notamment sur des images, inédites, tournées en septembre 2018 lors d’un déplacement de l’acteur en Corée du Nord pour les soixante-dix ans du régime, au côté de l’écrivain et réalisateur Yann Moix. «Au retour, ce dernier en a tiré un documentaire, qui n’a jamais été vendu ni diffusé. L’émission Complément d’enquête a pu visionner près de dix-huit heures d’images filmées sur place et en publie des extraits», raconte France Info.

Dans un extrait diffusé sur Twitter, on voit Gérard Depardieu multiplier les propos obscènes adressés à des femmes. «Tu vas prendre une belle douche, tu vas penser à moi», dit-il à l’une, avant de s’éloigner en ajoutant : «Sa petite chatte…» Lors de la visite d’un haras, il affirme, face caméra : «Les femmes adorent faire du cheval. Elles ont le clito qui frotte sur le pommeau de la selle. Elles jouissent énormément, c’est des grosses salopes.» En voyant une fillette d’une dizaine d’années sur un cheval, il réagit ainsi : «Si jamais il galope, elle jouit. C’est bien ma fifille continue. Tu vois elle se gratte là (rires).» Dans la foulée, il s’adresse à une interlocutrice : «Pourquoi tu ne montes pas à cheval, ça fait du bien tu sais (grognements). Généralement, les femmes qui font du cheval aiment beaucoup autre chose.»

Cette obsession pour les propos à caractère sexuel transparaît à de multiples reprises. A un moment, l’acteur se pèse, puis s’écrie : «124 (kilos) chérie. Attends, et là je ne suis pas en érection. En érection c’est 126.» Le journaliste de Complément d’enquête remarque qu’«une fois de plus, son interprète est coincée, obligée de subir la blague graveleuse». Autre extrait : à quelqu’un qui lui décrit quelque chose en bois, l’acteur, 69 ans à l’époque, répond : «Je sais, c’est comme ma bite. J’ai une poutre dans le caleçon.» Et de récidiver avec ses idées fixes : «J’aimerais être un cheval qu’on dresse. Pour faire corps avec la machine et vos moules», dit-il, avant de laisser poindre la menace d’une agression sexuelle : «Vas-y, prends la photo pendant que je touche le cul. Sa petite moule qui doit être bien bien touffue, bien poilue. Elle sent déjà la jument.»

Mis en examen pour viols et agressions sexuelles

Dans ce numéro de Complément d’Enquête, on apprend qu’une deuxième plainte pour agression sexuelle visant l’acteur a été déposée par la comédienne Hélène Darras. Cette dernière, qui avait témoigné dans Mediapart, a porté plainte le 10 septembre contre l’acteur de 74 ans, qu’elle accuse d’agression sexuelle en 2007, lors d’un tournage du film Disco, réalisé par Fabien Onteniente, a indiqué le parquet de Paris. Cette plainte, qui porte a priori sur des faits prescrits, est «en cours d’analyse», a précisé la même source à l’AFP, pour en déterminer l’orientation : classement ou lancement d’investigations.

L’avocat de l’interprète de Cyrano, Christian Saint-Palais, n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP. En outre, Gérard Depardieu fait l’objet d’une information judiciaire à Paris : il a été mis en examen le 16 décembre 2020 pour viols et agressions sexuelles après une autre plainte de la comédienne Charlotte Arnould, qui a dénoncé fin août 2018 deux viols au domicile parisien de l’acteur en août 2018. Début octobre, il a démenti les accusations, martelant n’être «ni un violeur ni un prédateur» dans une lettre ouverte publiée dansl le Figaro.

Une ligne de défense qui «porte un nom : le backlash. Cette lettre ouverte contient en effet tous les ingrédients de la rhétorique réactionnaire post-MeToo, du “lynchage” présumé au sempiternel “tribunal médiatique”», notait Libé dans la foulée.