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Interview

«Près de 3000 enfants à la rue en France, et encore, la situation est sous-estimée»

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Julie Lignon, de l’Unicef, revient sur la hausse du nombre de mineurs sans abri qui s’explique par le manque de places en logement d’urgence et par le fait que certains hôteliers abandonnent leurs activités d’hébergement et retrouvent leur vocation touristique dans la perspective des JO.
A Tours, le 20 novembre où le député écologiste Charles Fournier abrite, dans les locaux de sa permanence, des familles étrangères sans logement. (Corentin Fohlen/Libération)
publié le 22 novembre 2023 à 19h00

Chargée de plaidoyer à l’Unicef France, Julie Lignon revient sur les chiffres alarmants des enfants à la rue qui sont, tous les soirs, plusieurs milliers à appeler, avec leurs parents, le 115, sans pourtant être pris en charge. Selon elle, les efforts effectués par le gouvernement ne permettent pas de tenir l’objectif de zéro enfant à la rue, qui s’aggrave encore dans un contexte d’inflation et d’augmentation de la pauvreté.

Le cinquième baromètre de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) et de l’Unicef France, publié fin août, montrait que près de 2000 enfants dormaient dans la rue en France. Trois mois plus tard, comment la situation a-t-elle évolué ?

Ces chiffres ont été actualisés dans la nuit du 2 octobre et ils montrent une augmentation de 43 % du phénomène depuis août, puisque, cette nuit-là, 2 822 enfants se sont retrouvés sans solution d’hébergement après avoir pourtant appelé le 115. On est peu ou prou au même niveau aujourd’hui. Et encore, la situation est sous-estimée, puisque ces chiffres ne comptent pas les mineurs non accompagnés, ainsi que les familles qui n’appellent plus le 115 parce qu’elles ne connaissent pas le dispositif ou sont découragées. La tendance ces dernières années n’est pas bonne : 920 demandes d’enfants non pourvues en 2020, 1 658 en 2